Pour son dernier film, Miyazaki a fait le choix, a priori surprenant, de s'attaquer à la biographie de Jirō Horikoshi, le concepteur des fameux « Chasseur Zéro », qui firent des ravages durant la seconde guerre mondiale. Mais il apparaît vite évident que cette biographie romancée n'est qu'un prétexte pour développer une auto-biographie déguisée du cinéaste. Les différents personnages évoquent à la fois la vie de Miyazaki (il partage avec le héros du film une passion pour l'aviation, contrariée par une sévère myopie) et celle de ses parents (son père fabriquait des avions, sa mère était atteinte de la tuberculose). On retrouve également tous les thèmes qui sont chers au réalisateur, ainsi que toutes ses obsessions: les machines volantes, le vent, un rapport ambivalent à la nature, des personnages de femmes fortes... Mais ce film est aussi pour lui l'occasion de s'interroger sur sa propre carrière et de soulever l'épineuse question: quelles sacrifices sommes nous prêts à consentir pour réaliser nos rêves? La conclusion demeurera d'une grande ambiguïté, le film ne prenant pas parti et ne portant finalement aucun jugement sur les choix de son personnage... Bref une œuvre à la fois cohérente et atypique dans la filmographie du réalisateur, grave, introspective mais passionnante et emprunte d'une grande beauté.