"Le vent se lève, il faut tenter de vivre". Paul Valéry. Un film à l'image de cette citation. Beau, poétique, grave. Puis, après quelques secondes d'admiration, on en vient à ne plus penser à la forme mais à son fond. Et là... Cela sonne un peu creux, sans réel intérêt, insipide.
Que je sois clair : le film possède de nombreuses qualités. D'abord, une poésie, une atmosphère indéniable. La voix des personnages est agréable, comme la musique, comme l'animation qui est très réussie. Les paysages sont splendides, on a l'impression de se balader dans une peinture. La mise en scène est du même ordre. Sur la forme, rien à reprocher donc. Et cela est essentiel à souligner car si il y a bien un art ou la forme compte au moins autant que le fond, c'est le cinéma. Un autre point plus subjectif mais agréable, c'est l'époque traitée. C'est à dire celle du Japon impérial, avant et pendant la guerre. Là où le film parvient à se distinguer des nombreux films de guerres, c'est qu'il ne montre pas les combats, mais la vie civile, avec des honnêtes gens, loin des massacres commis par les soldats japonais. On y voit une vie relativement tranquille, on n'imagine pas qu'il s'agit d'un pays en guerre.
Alors pourquoi seulement 6/10? D'abord car les histoires d'avions ne m'intéressent absolument pas et c'est le cœur du film. Ensuite, car c'est d'une longueur... Je me suis endormi (réellement) au bout de 15min. J'ai dû regarder ce film en 4 fois. Alors oui c'est lent, et cela est volontaire : c'est ce qui permet à la fois de créer une œuvre poétique, sans agressivité, une sorte de voyage dans un monde qui n'est plus. Oui... Mais que c'est chiant.
Ensuite, les personnages sont soporifiques, mais d'une force... Sans réelle personnalité, ils sont simplement "bons". Des gentils, des petits bisnounours qui s'aiment, des petits croissants d'amour qui vont construire des avions pour pulvériser des civils dans des pays lointains. Car il s'agit bien de ça. Le héros n'est pas un héros, c'est le bras armé d'une dictature. Le film tente de nuancer cela avec une petite séquence où notre homme est présenté comme un opposant du régime, mais cela sonne faux, que ça soit historiquement correct ou non. Car cela ne change rien, notre héros est autant un meurtrier que le soldat japonais, bien qu'il soit ingénieur et loin du front.
C'est donc une œuvre qui veut absolument être "belle", et qui y parvient mais au prix d'un récit terriblement lent et fade. Fade, car même l'histoire d'amour impossible entre notre semi héros et sa belle atteinte de tuberculose ne donne au scénario un réel intérêt. Ce film a ce mérite : nous rappeler que le scénario compte tout autant que la forme, et que dans le 7ème art, le fond et la forme doivent être complémentaires.