C'est, semblerait-t-il, parfois en y allant à reculons que la beauté opère le mieux
Il est des œuvres de Miyasaki qui m'ont fait rêver. Et j'avais craint, en apprenant que celui-ci ne bénéficierai pas d'un univers fantastique ou merveilleux, mais bien d'un personnage inspiré de la réalité; d'être déçu en le voyant. Que le maître me laisse sur une touche, de côté avec un film non pas mauvais, mais moins bon que les précédents. J'avais peur qu'il soit un film brisant le liens que j'avais établis entre chacun d'entre eux; une sorte de photographie placée à la fin d'une exposition de peinture. Naïveté...
Ici, Miyasaki mêle la culture européenne qu'il affectionne (cf. "Who Has Seen The Wind?" de christina rossetti ainsi que les différents passages -en Vo- où l'on croise du Français, de l'Italien, de l'Allemand,...) à la culture Nippone, Celle dont est tiré le personnage principale (l'ingénieur en aéronautique Jiro Horikoshi et le romancier Tatsui Hori) ou celui de Nahoko (tiré du roman du -presque- même nom: "Naoko" de Tatsui Hori).
Il met également en scène des aspirations plus personnelles. Parmi elles, bien évidemment sont amour pour l'aviation, que l'on aura deviné depuis le temps (cf. "Le château dans le ciel", "Porco Rosso", "Kiki la petite sorcière",...)! Le tout ancré dans un repère spatio-temporel qui est celui de la seconde guerre mondial (guerre que Miyasaki, comme toute les autres, refoule et dénigre).
Le personnage principal est rarement un homme (la filmographie du réalisateur mets souvent en scène des personnages féminins aux traits en contradiction avec la vision de la Femme qu'a la société japonaise) et il ne se déroule jamais sur un passage aussi long de sa vie (des ellipses portent le films sur plusieurs années, contre quelques semaines pour les autres films).
Tout ces éléments me poussent à interpréter (et cela reste ma perception) le film comme étant très lié à Miyasaki, son histoire, son oeuvre, son gout pour la culture et l'art,... On les retrouve dans ce film que je perçoit donc comme une signature de l'artiste au terme de son oeuvre.
Du côté du spectateur, il est vrai que le film peut paraître long. Ce n'est pas un problème au contraire. Le film impose un rythme lent, parfois accéléré mais presque aussitôt ralenti. Il prend sont temps et laisse observer toute la féerie des décors, des dessins. Il laisse le temps de cerner chaque personnage et de nous y attacher car ils y sont d'une douceur rare. Ici il n'y a pas d'ennemis ou de grand méchant. Le fantastique de Myazaki est toujours présent dans ces scènes où la réalité croise le rêve et il n'y manque pas de beauté. Il l'est également en la personne du vent qui, malgré le fait de ne pas être un personnage, est celui qui porte le rêve de Jirô et le rapporte sans cesse à Nahoko. Le film s'articule comme une véritable poésie lyrique, comment ne peut-on pas sortir de son visionnage sans avoir l'envie d'aimer?
La musique est composée par Joe Hisaishi, comme d'habitude. Et comme d'habitude encore, elle est parfaite. Myiazaki s'essai à de nombreuses reprises à utiliser des bruitages par voix humaine et là encore je trouve ça très réussi et riche en émotion (ex: la scène de tremblement de terre que j'ai ressenti comme très oppressante).
Un chef-d'oeuvre agréable à la vue, aux oreilles. Une histoire romantique et riche en poésie. Des personnages forts attachants. Une approche de l'amour, de la maladie, de la guerre, de la passion pour l'aéronautisme... On est transportés, bercés, bouleversés,... Et on rêve! C'est tout ce que j’espérais en allant voir ce film et je ne suis pas déçu, bien au contraire, pour moi ce film tiens toutes ces promesses.
"Le vent se lève, il faut tenter de vivre."
PS: ceci était un premier essai à la critique de film, un sens que je cherche à développer!