Le Vent se lève
7.3
Le Vent se lève

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (2013)

Voici donc l'oeuvre testament de Hayao Miyazaki. Le vent se lève (dont le titre est issu d'un vers d'un poème de Paul Valéry) est le dernier film du cinéaste japonais, pour le plus grand regret des fans et des cinéphiles en général. Car Miyazaki, c'était la certitude de voir encore des dessins animés faits un peu à l'ancienne. C'est aussi un homme qui a marqué le cinéma grâce à son imagination débordante, son onirisme de tous les instants et cette capacité de toucher bon nombre d'entre nous.

Pourtant, pour son dernier film, le cinéaste change complètement de sujet. Point de fantastique ou d'onirisme ici. Le sujet n'est autre qu'une biographie romancée du créateur du Zéro, ce chasseur japonais qui ne devait jamais revenir de ses missions.

Nul doute que le cinéaste a trouvé l'inspiration dans le personnage de Jirō Horikoshi pour y faire un constant parallèle entre sa carrière et celle du bonhomme. En effet, l'ingénieur est prêt à tout sacrifier, être un génial égoïste pour parvenir à réaliser l'avion de ses rêves. C'est d'ailleurs par de nombreuses séquences de rêves que l'on apprend à connaitre l'aspiration du personnage et son envie impossible de voler (il est myope). Mais il ne lâche jamais prise. Toujours acharné au niveau du travail, il va tout faire pour réaliser ses rêves.

Ad contrario, Jirō est aussi un homme qui doit vivre les pieds sur terre. Il rencontre Nahoko après un tremblement de terre avant de ne la revoir que bien des années plus tard. De là va naitre un amour aussi intense que fragile, en cause de la faiblesse de santé de la jeune femme. Cette dernière va pourtant accepter tout de son mari pour ne pas le freiner dans son travail, pour qu'il puisse justement atteindre son but.

L'oeuvre est souvent très juste, d'une émotion savamment bien distillée. Miyazaki est proche de la retraite, mais le bougre a encore de la clairvoyance. Les différentes séquences de rêve et surtout la fin sont d'une justesse sidérante.

Dans ce final, le héros remercie sa femme défunte pour lui avoir permis d'accomplir son rêve, mais aussi pour ce qu'elle lui a apporté, le véritable amour. L'oeuvre se termine par ce personnage disant merci alors que Caproni, personnage récurrent de ses rêves, l'invite à vivre une nouvelle vie. Le parallèle Jirō - Miyazaki est constant et c'est peut-être parce que l'on sait qu'il s'agit du dernier film du cinéaste qu'on ressort finalement ému de cette histoire.

Une histoire dont il y a encore énormément de choses à raconter, celle d'un héros finalement ambigu: égoïste pour atteindre son but, délaissant sa femme pour y arriver et créant des appareils qui causeront la mort de centaines de ses compatriotes ou d'hommes étrangers. Mais aussi celle d'un garçon à la gentillesse débordante, à l'altruisme sur certains éléments mais également reconnaissant de ce que la vie lui a apporté.

Un mot sur la technique enfin, qui est elle aussi remarquable. Les séquences de rêve ou dans les airs sont parfaites. Les couleurs toujours très justes et les détails foisonnent comme toujours chez Miyazaki.

A peine parti que l'homme laisse déjà un grand vide.

Créée

le 5 janv. 2015

Critique lue 362 fois

1 j'aime

batman1985

Écrit par

Critique lue 362 fois

1

D'autres avis sur Le Vent se lève

Le Vent se lève
marcusquick
5

Le vent se lève (mais il ne m'a pas emporté!)

J'aurais voulu aimer ce film et pouvoir en dire du bien, mais je dois l'avouer, cette fois ci - et c'est bien la seule - je me suis vraiment ennuyé devant un film de Miyazaki. L'animation, toujours...

le 8 janv. 2014

165 j'aime

18

Le Vent se lève
Fritz_the_Cat
8

Les Ailes du désir

Contrairement à ce que laisse penser sa filmographie, Hayao Miyazaki est un homme qui a les pieds sur terre. Cinéaste intransigeant avec lui-même autant qu'avec ses troupes (voir le sort réservé au...

le 23 janv. 2014

119 j'aime

41

Le Vent se lève
Torpenn
6

Le zéro et l'infini

Aller voir le dernier Miyazaki en salle est depuis longtemps déjà un rituel précieux que la pénurie en dessins animés rend d’autant plus indispensable. Amateur forcené de petits gribouillis qui...

le 7 févr. 2014

110 j'aime

16

Du même critique

Manhattan
batman1985
5

Je n'accroche décidément pas...

Je vais certainement me faire encore des détracteurs quand j'attaque du Woody Allen et notamment un des film important du cinéaste. Je vais pourtant tenter, une fois encore, d'expliquer ce qui ne me...

le 9 juil. 2012

51 j'aime

1

La dolce vita
batman1985
5

Critique de La dolce vita par batman1985

Ah cette Dolce Vita, dur dur de passer à côté quand on se dit cinéphile. D'autant que la réputation de ce film est grande. Récompensé par une palme d'or à Cannes, l'oeuvre de Fellini est un...

le 6 mai 2011

45 j'aime

4

Le Grand Rasage
batman1985
9

Critique de Le Grand Rasage par batman1985

Voilà probablement l'un des plus grands court-métrage de tous les temps! Une oeuvre formidable de quelques minutes qui dénonce, sans jamais qu'on ne la voit, la guerre du Vietnam. Pas une seule...

le 6 mai 2011

40 j'aime

4