Serrault et Galabru dans un scénario de Goscinny réalisé par son pote Pierre Tchernia, ça se refuse ça ? Farce, bouffonnerie, appelez ça comme vous voulez, en tout cas moi je n'ai pas refusé, bien au contraire.
1930, période de Noël. Le docteur Léon Galipeau (Galabru) le fête comme chaque année en famille (ce qui sera le ressort comique de répétition du film) et il a tout lieu d'être content : il est tonton d'un petit garçon né le 25 mais surtout il est sur le point de convaincre son frère de prendre un viager à un de ses patients auquel il ne donne plus que deux années à vivre, c'est certain.
1930, période de Noël. Louis martinet (Serrault) est un brave homme fatigué par une vie passée à l'usine, passant le réveillon tout seul et qui sur les conseils de son bon médecin a décidé de prendre une retraite anticipée et d'aller passer le restant de ses jours dans sa maison située dans le sud (Saint Tropez, "petit village de pêcheur") et de la mettre en rente viagère au frère de son docteur, Emile Galipeau. L'affaire se conclue.
C'est inespéré pour les Galipeau, d'ici deux à trois ans ils auront fait l'acquisition d'un petit coin de paradis pour rien, ils s'y voient déjà. Mais voilà le temps passe et Martinet refuse de rendre l'âme loin de là, il reprend une vigueur étonnante et la somme versée chaque année augmente considérablement, inlassablement.
A la fourberie des Galipeau s'oppose la gentillesse de Martinet. Grace à son humour génial Goscinny tire à tout va sur les "bons français", les collabos et les rapports familiaux. Un délice que cette élimination financière progressive puis physique de la famille Galipeau dans des circonstances chaque fois plus improbables sous l’œil d'un Martinet compatissant et naïvement sincèrement triste. De son côté il est devenu la coqueluche du village, un vieillard resplendissant.
On ne peut que se réjouir devant ce spectacle où les acteurs s'amusent comme des petits fous, ça crève l'écran.
Par ailleurs les seconds rôles sont excellents, Carmet notamment en avocat alcoolique qui n'a jamais gagné un procès de sa vie est tordant, Claude Brasseur en petite frappe détestable joue bien sa partition et il faut noter l'une des premières apparitions cinématographiques de Depardieu.
Un film" à part" qui donne sourire.