C'est pas la mer qui prend l'homme, c'est l'homme qui prend la mer.
Évacuons une chose si évidente pour les fans de La classe américaine : oui, ce film-là fait partie de ceux parodiés, mais sur deux scènes (Spencer Tracy qui est en contre-jour dans sa cabane et une autre où il ferme les yeux en semblant prendre du plaisir) seulement, donc on y pense assez peu pour se plonger sur ce très beau film qui est une vraie histoire de courage d'un homme qui veut briller pour la dernière fois.
Le film est très fidèle au court roman d'Heminghway, et réussit le danger de ne présenter qu'un seul personnage à l'écran durant 90% du temps. Spencer Tracy est formidable en vieux briscard de la pêche, qui rêve de ses exploits passés en Afrique et dont il nous narre son histoire via une voix off.
L'autre personnage du film est un petit garçon qui est en admiration devant ce vieux pêcheur, et dont lui aussi nous narre l'histoire, mais sous la voix d'un homme plus âgé, mais en reprenant pratiquement le style du livre, ce qui est très beau à entendre.
Par contre, on voit très bien que le tournage s'est fait dans un immense bassin (une mer si calme, avec très peu de remous, c'est du jamais vu), et que l'immense marlin que l'on aperçoit n'apparait que via des transparences. Les fonds sous-marins, où apparaissent les requins à la fin de l'histoire, sont eux des stock-shots
Ça n'est pas grave en soi, d'autant que l'histoire ne concerne pas vraiment les conditions climatiques, mais ce que ressent l'homme sur son envie de capturer ce fameux marlin afin de prouver à tous son exploit de partir en mer sur un petit canoé, et de se prouver à lui-même qu'il n'est pas encore fichu.
Orné d'une très belle B.O. de Dimitri Tiomkin, c'est un très joli film, que Heminghway a adoubé, et il peut en être fier.