Le docteur Dandieu fait partie de cette majorité silencieuse de français qui remerciaient le maréchal Pétain d'avoir "fait don de sa personne à la France", mais se tenaient prêts à acclamer le général De Gaulle à la libération. Il fait aussi partie de cette minorité qui, grâce aux dons en nature de ses patients, vit confortablement l'occupation. Il est enfin le seul qui vive un bonheur sans nuage pendant que les autres crèvent de faim.
Alors forcément, quand on vient lui briser son petit paradis personnel, il a beau être pacifiste, il n'est pas content. Il est même très fâché, le brave docteur Dandieu, au point de déclencher sa petite guerre personnelle contre la dizaine de boches qui lui ont tué sa femme et sa fille.
Ce n'est pas un film de guerre, c'est l'histoire d'une vengence. Heureusement que tous les français n'ont pas attendu qu'on s'en prenne à leur famille pour entrer en résistance. Il serait assez triste que nous n'ayons pas participé à notre propre libération.
Bref, on nous montre une image de l'occupation complètement décalée. Les français n'ont pas faim, il n'y a pas de queues devant les magasins d'alimentation et les voitures ne sont même pas équipées de gazogènes.
De plus, je pense que Robert Enrico abuse des "flash back".
Heureusement, l'histoire reste sympa, avec ce héros qui va jusqu'à écarter ceux qui pourraient l'aider, pour accomplir seul sa vengeance, sa justice de seigneur... et cette petite musique entêtante très en accord avec le thème.
Mais la principale qualité de ce film est thérapeutique. Elle permet à tous ceux qui regrettent que leurs parents ou grands parents n'aient rien fait contre l'occupant, soient partis docilement au STO, ou aient chanté "Maréchal nous voilà" de pouvoir enfin tuer du boche par personne interposée au travers du docteur Dandieu, notre super Dupont bien français.
Ce film est une catharsis. Merci Robert Enrico.