Un Straw Dogs à la française
Vu une première fois à une époque où j'étais encore tout jeune. Inutile de dire qu'à l'époque, ça m'avait pas mal marqué.
Cette nouvelle vision me permet de voir avec plaisir qu'Enrico n'y va pas par quatre chemins. Après à peine vingt minutes, la tuerie était opérée et le médecin aussi sympathique qu'est Julien Dandieu va se transformer en une machine à tuer extraordinaire en quête de vengeance. L'oeuvre montre donc comment la guerre peut changer le plus paisible des hommes lorsqu'il se retrouve lui-même confronté à la haine et la violence. Le choc psychologique est fort et se ressent aussi grâce à la fin et au refus des événements.
Gros plaisir pour moi de voir Noiret et Schneider ensemble. Les deux acteurs crèvent littéralement l'écran même si je trouve que le premier est d'un naturel remarquable. La musique de De Roubaix possède aussi beaucoup de qualité, même si je trouve que son utilisation est trop récurrente, hormis peut-être pour les scènes de tension où elle est utilisée à bon escient.
C'est sur la mise en scène que je suis légèrement plus partagé. Si Le vieux fusil offre des séquences remarquables comme celles de l'arrivée de Julien dans l'église et le lance-flamme, la montage alterne beaucoup trop les moments de flash-back au milieu de la quête de vengeance. C'est vrai que ça apporte nettement plus de rythme qu'un montage linéaire, mais il faut reconnaître qu'il y en a un peu trop. L'oeuvre dure 1h40, je suis certain qu'avec cinq ou dix minutes de moins, Enrico pouvait offrir au cinéma français un chef-d'oeuvre.
A la place, il offre un classique avec des très légers défauts, une oeuvre qui ne vieillit pas d'un poil au fil des années.