Le bien nommé Village des ombres entasse les lieux communs qui s’agitent ici de façon spectrale, sans corps ni âme. On entre dans le film par une éprouvante scène de tension entre deux officiers nazis et un fantôme caché derrière la porte – peut-être la scène la plus efficace du long-métrage, c’est dire… –, puis transition aussi brutale que malvenue sur le temps présent avec un groupe d’amis en excursion. À partir de là, le scénario ne prend même plus la peine de construire l’intrigue et l’horreur qu’elle aurait dû susciter, se contente de suivre ses protagonistes dans leur errance entre des flashback vraiment hideux. La lumière de ce premier long-métrage donne l’impression d’avoir été captée depuis le pot d’échappement d’un véhicule en fin de route, tant une noirceur des plus laides règne ici en maître. On ne comprend ni les choix esthétiques ni les choix dramatiques qui poussèrent le réalisateur à entreprendre une telle production, mais une chose est certaine : le cinéma de genre ne s’investit pas à la légère, sur un coup de tête qui laisserait penser que faire comme les Américains ne doit pas être si compliqué. La preuve qu’importer un genre étranger dans un pays dont la culture ne dispose pas des mêmes codes demande des réajustements, exige une adaptation, sans quoi le résultat sonnera comme un ersatz inutile et ennuyeux. Tel est le cas du Village des ombres.