C'est vrai que le sur le plan technique, le film est un peu cru, un peu brute et même parfois amateur.
Mais Rollin ne prétend pas aller au-delà de son style contrairement à la masse de réalisateurs pompeux qui nous fascinent avec une photographie éblouissante pour un rien.
Pour le coup Rollin n'a même pas besoin d'une technique hypnotisante pour se donner un vrai style; il se base sur des dialogues simples, quelques costumes biens foutus et des jeux d'acteurs téléphonés mais qui exemplifient bien le statut mythologique de leurs personnages. En somme il arrive en très peu de temps à créer son univers et son langage tout en restant basique. La forme de son film épouse parfaitement ses moyens. Puis à partir de là, son amour obsessionnel pour les pouvoirs érotiques des vampires éclate dans une mise scène bien travaillée et originale.
Petite mention pour la scène où le psychanalyste revient à la vie en goutant au sang du maitre châtelain; Rollin prend bien le temps de filmer l'ivresse du sang ruisselant sur sa peau jusque dans sa bouche. Renaissance d'un fond caché de souffrances qui trouvent les chemins de l'existence dans les plaisirs inavoués de la chair encore fraiche. Ou encore pour la scène, où des pauvres vampires mourants sont entretenus par une dose limitée de sang qu'ils pompent d'un réservoir phallique en verre sous le regard clinique d'un vampire désabusé.
Respect quand même pour un gars qui traite du fantastique avec si peu d'effet visuel. J'ai vu qu'il a fait près de 30 films, même si on dirait que les 1/3 sont des films de boule on va tout se mater.