Veuve de guerre, Louise met au monde un enfant qui meurt très vite. Désormais, elle se consacrera à ceux des autres. Enorme succès sous l'Occupation, raillé depuis, Le voile bleu assume jusqu'au bout son statut de mélodrame édifiant. Mais pas sans talent, même si la même en scène de Jean Stelli n'a pas la grâce de celle de Douglas Sirk. Son écriture, en 5 épisodes marquants de cette nourrice aimante, est plutôt habile bien que les transitions soient parfois brutales. Gaby Morlay est loin d'être exceptionnelle dans le rôle principal mais elle s'en tire plutôt bien et c'est un délice que de voir tous les "excentriques" qui l'entourent, de Larquey à Fusier-Gil, en passant par Charpin et Géniat (entre autres). Si le film est indubitablement de son époque, on ne peut pour autant le qualifier de "vichyste", sa vision de la famille (parents démissionnaires ou absents) n'étant pas vraiment raccord avec l'idéologie pétainiste. La puissance lacrymale du film, près de 80 ans plus tard, agit encore aujourd'hui (sauf peut-être auprès des cyniques) avec un dénouement déchirant ou grotesque (c'est selon).