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The Rainbow Thief demeure certainement le seul long métrage de Jodorowsky à l'identité artistique en partie commerciale. Adoptant comme têtes d'affiche l'excellent Christopher Lee, le remarquable Omar Sharif et l'incontournable Peter O'Toole le cinéaste chilien prend, le temps d'un film, le chemin des sentiers battus en s'écartant parfois des outrances et des visions délirantes intrinsèques à son Oeuvre.


Et pourtant ce poème filmique plein de promesses et de jolies choses porte clairement la marque de l'auteur de El Topo et de Santa Sangre. Jodorowsky narre la trajectoire du misérable et flamboyant Dima ( Omar Sharif, donc ), mendiant avide de gloire et surtout d'argent lorgnant sur la fortune d'un milliardaire libidineux et extravagant ( Christopher Lee )... Sur les sols en damier d'intérieurs luxuriants Jodorowsky déplace ses personnages comme autant de pions aux préoccupations plus ou moins essentielles : forcément l'argent occupe une place de premier choix dans les motivations du piteux scélérat représenté par Dima, personnage binairement opposé à l'attachant neveu joué par Peter O'Toole préférant la compagnie des égouts et des chiens trépassés...


Si le film n'évite pas toujours un certain manichéisme il bénéficie d'une direction artistique absolument somptueuse ( à noter que les décors ont été confectionné par le légendaire Alexandre Trauner ) et d'une folie picturale moins prononcée que dans les précédents films de Jodorowsky mais néanmoins présente. En vrai-faux film lucratif The Rainbow Thief a ceci d'extraordinaire qu'il semble en permanence condamner le culte de l'appât du gain en s'inscrivant en grande partie dans les sillages du cinéma mainstream, gardant toutefois l'aura particulièrement spirituelle de Jodo : quête de l'âme en éternelle renouvellement, tarologie, perpétuelle unicité du grand-Tout, cartomancie...


Un film beau, narrativement classique mais loin d'être étranger aux délicieuses excentricités de Alejandro Jodorowsky. Je garde en revanche une petite réserve sur la toute fin du métrage, happy-end un brin décevant compte tenu du regard porté sur la médiocrité relative du personnage de Dima. Du grand cinéma.

stebbins
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le 9 sept. 2019

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stebbins

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