A chaque jour suffit sa peine.
Le risque quand l'on découvre tardivement une oeuvre acclamée par la planète entière est de se retrouver sur la touche, de rester hermétique à l'univers créé par le cinéaste, de ne pas partager l'engouement pour ce qui est considéré comme un chef-d'oeuvre incontestable. Tel sentiment m'étreignait juste avant le visionnage du "Voleur de bicyclette" de Vittorio De Sica, élu troisième meilleur film de tous les temps par l'Exposition Universelle de Bruxelles.
Si j'ai effectivement eu du mal avec le misérabilisme ambiant et le rythme casse-gueule, "Le voleur de bicyclette" accuse plutôt bien les années, conservant intact sa force, fable néoréaliste permettant à De Sica de composer de très beaux plans et surtout, de faire un constat peu flatteur de l'Italie d'après-guerre, nation meurtrie poussant les plus pauvres à se bouffer le nez au lieu de s'entre-aider.
De ce classique "intouchable", j'ai surtout retenu les rapports touchants entre le père incarné par Lamberto Maggiorani et son jeune fils, ainsi que la bouleversante partition d'Alessandro Cicognini, qui risque fortement de trotter dans ma tête encore longtemps.