Attention, spoil en partie!
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’Italie est exsangue. Le pays souffre du chômage, du manque de nourriture, de surpopulation. C’est cette réalité que le réalisateur Vittorio de Sica montre à travers l’histoire simple d’Antonio, un homme dont la bicyclette a été volée. Si le vol n’est jamais agréable à vivre, ici il s’agit d’une question de survie. Sans sa bicyclette, Antonio perd le travail qu’il vient de trouver et qui lui permettra de faire vivre sa femme et son gamin Bruno.
Une intrigue dépouillée qui nous fait suivre Antonio à travers sa recherche fiévreuse et angoissée de sa bicyclette. Une recherche qui nous promène à travers les quartiers pauvres de Rome : ses rues, ses maisons, ses églises, ses restaurants où éclate la différence sociale, auprès des gendarmes ou des diseuses de bonne aventure quand tout espoir semble perdu. Dans sa recherche, Antonio se heurte le plus souvent à l’indifférence. Seule une personne prend à cœur cette quête : son petit garçon en culotte courte, qui court à ses côtés, qui le conseille, qui espère avec lui, qui pleure pour lui et avec lui.
La dernière séquence est poignante tandis que résonnent ces ultimes paroles pleines de jugement et d’agressivité de la part des gens bien pensant et fortunés : « Sei felicito ! ». Mais face à cette hostilité qui entoure son père, Bruno, lui, ne le lâche pas, ne le juge pas et place sa main dans celle de son père lui gardant toute sa confiance, et le comprenant de l’intérieur. Antonio n’a pas tout perdu…
Tourné avec peu de moyens et avec des acteurs non professionnels, ce film a connu un grand succès. Ladri di biciclette touche par la simplicité de l’histoire et la justesse du ton. Inutile de rajouter du pathos, l’histoire se suffit à elle-même et respire d’authenticité.