Du haut de ses 14h30 (même s'il ne s'agit pas du plus long film vu, c'est l'une des séances les plus compliquées que j'ai pu endurer), le documentaire de Peter Watkins a tout d'un monument important mais méconnu du cinéma.
La radicalité de l'oeuvre se trouve aussi bien dans sa durée que dans les sujets abordés ou encore les moyens mis en place pour faire parvenir ces témoignages des quatre coins de la Terre. Le voyage est un réquisitoire grandiloquent de la bombe nucléaire, de la gestion des ressources, des politiques internationales et de la sur information médiatique.
Cependant, à l'inverse du Shoah de Lanzmann, Watkins semble se laisser un peu trop emporté par son militantisme et ne nous délecte pas de témoignages d'individus à l'idéologie différente. Son travail repose entièrement sur des affirmations de personnes choisies avec soin et des extraits historiques qui suivent une continuité assez troublante, on en vient même à se demander comment il a trouvé ces personnes censées représenter l'avis public tant leur réflexions peuvent parfois paraître similaires voire niaises.
Si cette composition étendue et informelle du documentaire accorde au réalisateur le pouvoir d'exprimer ses revendications dans un format antinomique à celui de la presse, il faut avouer que l'oeuvre s'étire bien trop et aurait pu être tout aussi qualitative en ayant une durée inférieure de plusieurs heures.