Le précédent film de Sébastien Betbeder (2 automnes 3 hivers) révélait un cinéaste prometteur, qui à l'évidence savait mélanger humour, délicatesse et fantaisie.
Toutes les promesses de ce film se concrétisent ici de la plus belles des manières.
Le sujet est pourtant sur le papier un peu mince : deux trentenaires parisiens rendent visite au père de l'un d'eux, exilé dans un petit village paumé du Groenland. On imagine à la simple lecture de ce pitch un scénario catastrophique où les locaux seraient moqués et où serait systématiquement exagéré le contraste entre les citadins et la nature hostile.
L'un des grands mérites du film est de déjouer complètement les pronostics. Le regard que pose le réalisateur sur les différents protagonistes est empreint d'une bienveillance sensible qui rend tous les effets comiques délicats et dotés d'une saveur très particulière, dont le second degré semble exclu.
Le voyage au Groenland est une oeuvre à l'équilibre précaire, sans cesse sous la menace de tomber dans l'anecdote facile ou l'inconsistance comique. Sébastien Betbeder parvient à maintenir sur la durée sa fantaisie raisonnée et sa subtile analyse des sentiments masculins.
Si le résultat semble parfois "facile", il résulte d'un savant mélange de techniques (montage, scénario) et d'une prestation exemplaire des deux acteurs principaux (Thomas Blanchard et Thomas Scimeca), parfaits en duo de gentils citadins un peu dépassés par les évènements.
Une franche réussite, drôle et originale.
http://www.christoblog.net/2016/11/le-voyage-au-groenland.html