Et s’il n’y avait pas eu d’extinction des dinosaures ? C’est ainsi que commence le Voyage d’Arlo, dernier né des Studios Pixar. Ce postulat de départ donne lieu à une introduction originale et drôle. Plusieurs millions d’années plus tard, soit de nos jours, les dinosaures ne sont plus de simples bêtes. Ils cultivent leur terre, vivent en famille, tandis que l’espèce humaine n’a que peu évolué du singe et s’exprime en poussant des cris. C’est dans ce contexte qu’Arlo voit le jour. Ce jeune dinosaure froussard grandit au sein d’une famille dans laquelle il apprend les valeurs de la famille, de l’effort, du courage, jusqu’au jour où il est témoin de la disparition de son père. Emporté par les courants, Arlo se retrouve perdu loin de son cocon familial, et doit retrouver son chemin.
C’est la première fois que Pixar nous offre deux films la même année après Vice Versa sorti en Juin. Mais le Voyage d’Arlo a souffert d’une production difficile, suite à l’abandon de son premier réalisateur. Sur l’aspect formel, le film est une réussite totale. Jamais nous n’avions vu un tel réalisme graphique dans un film d’animation. Sur ce point, le Voyage d’Arlo est impressionnant. Les textures de l’eau, des paysages, de la pluie, du vent, des nuages sont parfaites. Seul le design des dinosaures nous rappelle que nous sommes bien dans un film d’animation. Car sans cela, les détails de l’image donnent l’illusion de prises de vues réelles. Pixar surpasse tous les autres studios concurrents dans ce domaine, et ne cherche jamais à impressionner. Notre petit Arlo évolue dans des paysages grandioses dans un film aussi contemplatif. De nombreuses vues de paysages superbes, de ciels et de nuages, viennent joncher le voyage de notre petit dino.
Pour le reste, Le Voyage d’Arlo n’est pas un grand Pixar. Il se repose sur un scénario simple, très linéaire et trop classique. Difficile d’être toujours au top et d’innover en permanence, tellement le studio surprend de films en films. Là, le scénario est plus convenu, donne souvent l’impression de déjà-vu, nous rappelle beaucoup Le Roi Lion : la disparition du papa dino fait directement écho à la mort du Mufasa. D’autres rencontres d’Arlo nous rappellent les vilaines hyènes. Aussi, l’histoire, très 1er degré, s’adresse davantage aux enfants qu’aux adultes. Mais le film s’avère pourtant assez triste et comporte certaines scènes assez douloureuses, même pour les enfants. Le film aura donc peut-être du mal à trouver son public. Arlo, le dino froussard, voyage avec un petit garçon sauvage, Spot, et va grandir de son expérience, surmonter des épreuves, et côtoyer les dangers. Un voyage nécessaire pour retrouver les siens, mais aussi une quête personnelle… on aura connu plus original. Les rencontres ne sont pas forcément marquantes. Les tyrannosaures ont un potentiel comique sous exploité. Dommage. Si bien que le film comporte peu de scènes comiques, et a même une tonalité triste dans son ensemble. Déception aussi concernant la bande originale, ne comportant pas de thème mémorable. Finalement, Le Voyage d’Arlo comporte un esprit plus Disney que Pixar, sauf peut-être dans son final réussit. En effet, le voyage se conclut sur une magnifique scène, dont Pixar a le secret, quand il s’agit de mêler émotions et situations imprévisibles. La thématique de la famille est abordée avec sensibilité : quelle est la vraie famille ? Celle du sang, ou celle du cœur ? Pixar réussit souvent la fin de ses films, et le final touchant du Voyage d’Arlo vient relever un ensemble plus convenu. En bref, Arlo, c’est gentil, c’est mignon, c’est bien réalisé. Et les dinosaures verts devraient d’ailleurs bientôt devenir des doudous à la mode !