De nombreuses critiques ont déjà parlé de ce film d'animation avec beaucoup plus de talent que moi. Ce film a été expliqué, disséqué, analysé sous toutes ses coutures. Alors, puisque je ne pouvais rien apporter de nouveau, j'ai décidé de parler simplement de ce que j'ai aimé, de ce que j'ai moins aimé. Une critique de coeur, en somme.
J'ai aimé...
Le dépaysement. Lorsque je regarde un film issu d'une autre culture, surtout aussi conscientisée que la culture japonaise, je m'attends à voyager, à perdre mes repères pour en découvrir de nouveaux. Sans forcément que cela ne tombe dans un total cliché d'ailleurs. Pari tenu. On est en Extrême-Orient, avec ses mythes, sa politesse et ses légendes. Il y a des dragons humains, des tatamis, des décors orientaux, de la nourriture japonaise. Bref, on est ailleurs, et c'est aussi un peu notre voyage.
La facilité d'identification. L'héroïne n'est pas particulièrement typée. Physiquement, elle pourrait être orientale ou occidentale. Et vu qu'on est projetés comme elle dans un univers onirique dans lequel elle semble tout aussi perdue que nous, ça aide à s'immerger.
La musique et les paysages. La musique accompagne harmonieusement bien le film, les paysages sont juste sublimes. Je ne connais pas grand chose en techniques d'animation, mais j'ai eu l'impression qu'il y avait deux types de décors : les décors d'animation pure, et d'autres davantage peints comme des tableaux dans lesquels se meuvent les personnages. Ces derniers étaient superbes, peints avec un réalisme presque de bande dessinée. Oui, je sais, c'est bizarre ce que je viens d'écrire, mais croyez-moi, ça n'enlève rien à l'esthétisme de la chose.
La quête initiatique. D'accord, c'est classique. Une gamine chouineuse qui doit apprendre à se dépasser pour sauver ses parents. Reste que c'est très bien mené et qu'on y croit. Les obstacles sont là, bien présents, et elle les surmonte. Le tuyau, la recherche de travail, le doute sur Haru lorsqu'elle le retrouve dans l'ascenseur... Cela vaut d'ailleurs le très joli passage où le Sans Visage veut offrir tout ce que Chihiro pourrait souhaiter et qu'elle le refuse. De jolies trouvailles donc, qui amènent à une empathie réelle avec le personnage.
Au point où j'en suis, je ne pouvais pas ne pas évoquer les thèmes apparemment récurrents chez Miyazaki (je vous l'ai dit dans une précédente critique, je suis une inculte totale de la production du studio Ghibli). L'écologie, la critique de la société de consommation. D'ordinaire, ces deux thèmes avec celui du féminisme et de la lutte des classes ont tendance à me hérisser gentiment le poil. Non que j'aie quelque chose contre eux, ce sont de nobles combats, mais la plupart du temps, c'est traité avec la subtilité d'un James Bond dans le QG des méchants. Et moi, j'aime la subtilité. La vraie. Et ce que j'ai aimé dans ce film d'animation, c'est que j'ai eu, moi spectateur, la possibilité d'interpréter ces scènes militantes de la manière que je voulais. Les parents s'empiffrent et se transforment en cochons ? Critique de la société de consommation ou punition pour leur impolitesse (après tout, ils se servent sans autorisation). Le génie de la rivière pollué ? Critique de la pollution des hommes ou épreuve initiatique style "même ce qui semble le plus répugnant a sa bonne facette". Le Sans Visage qui s'empiffre uniquement dans les Bains ? Critique du consumérisme et de l'appât du gain, ou quête d'un vagabond perdu qui cherche par tous les moyens à sa disposition à retrouver celle qui lui a témoigné d'un peu de compassion et d'amitié. Bref, le spectateur a le choix, et c'est très élégant de la part de Miyazaki de nous l'avoir laissé. Alors merci.
J'ai moins aimé...
Bref, je recommande évidemment ce film d'animation. Pas pour les trop jeunes cependant : quelques scènes peuvent déranger. Mais cela reste un enchantement de deux heures, et un vrai voyage.