Pourtant, le synopsis était prometteur: quatre surdoués qui mettent leurs compétences à profit pour sauver le monde à chaque épisode, un agent du gouvernement pour assurer la liaison avec les autorités, une jeune femme "normale" pour servir de traductrice et un gamin surdoué pour assurer la relève. Une série typiquement américaine donc, mais dont le concept aurait pu être intéressant s'il avait été mieux mené.
Et c'est là tout le problème de la série Scorpion: sans vouloir insulter ni choquer personne, on sent que les créateurs de cette série ne sont pas eux-mêmes des surdoués, et qu'ils n'ont probablement pas consulté un surdoué pour réaliser cette série. Ce que j'ai vu là, ce ne sont pas des petits génies qui ont des problèmes de sociabilité et de communication avec le monde, ce sont des "loosers normaux" qui, une fois par épisode, se réveillent soudainement pour sauver le monde pour que les créateurs puissent justifier leur statut de surdoués. Ces accès de super héros mis à part, rien dans le reste de l'épisode ne les distingue des adultes "normaux" geek et/ou asociaux.
Je ne parle même pas ici du réalisme de la série: à la rigueur, ça on s'en fiche, de toute façon avec un synopsis pareil on pouvait se douter que ce n'était pas l'objectif premier de la série et très franchement, ce n'est pas ce que j'ai recherché en regardant cette série pour la première fois.
Non, vraiment ce que je regrette dans cette série, c'est qu'elle aurait pu être passionnante si ses personnages principaux avaient été de réels surdoués. J'aurais voulu retrouver de réels problèmes de communication avec l'extérieur (des bégaiements, des incompréhensions, des hésitations, des silences d'impuissance), j'aurais voulu retrouver, au moins sur l'un des personnages, un développement du sens artistique élevé (et pourtant, ça l'aurait fait dans cette série, un type qui essaye d'exprimer ses émotions au travers de la musique ou la sculpture et dans ses temps libres, qui est toujours plongé dans la contemplation d'une peinture, non?), j'aurais voulu trouver un plus grand feeling avec l'enfant, qu'ils aient plus de facilités à communiquer avec l'enfant qu'avec les adultes, j'aurais voulu un sens de l'humour plus subtil, limite incompréhensible pour le commun des mortels, pas de "grosses vannes" de collégiens, j'aurais voulu au moins quelques mots de vocabulaire très soutenus et parfaitement incongrus dans la conversation, j'aurais voulu voir un réel feeling entre les surdoués quand ils se mettent à bosser ensemble, excluant toute personne extérieure au groupe comme gène extérieure nuisible à leur rapidité de réflexion, j'aurais voulu...
Enfin bref, vous avez compris l'idée: l'idée de base est excellente, mais inaboutie, tellement inaboutie qu'elle a fini à côté de la plaque, donnant le jour à une série assez différente de l'idée de base, mais très agréable en elle-même.
C'est la raison pour laquelle je ne peux pas mettre en dessous de la moyenne, car une fois la première surprise passée, on finit par s'attacher à ces personnages un peu patauds mais bien sympathiques, des "loosers" maladroits qui apprennent peu à peu à compter les uns sur les autres pour tenter de s'en sortir. Ce ne sont pas des surdoués, certes, mais après tout, peut-on les en blâmer?