Il suffit de jeter un œil à mon Top10 ou quelques unes de mes listes pour deviner que je suis féru de cinéma d’animation. Encore plus lorsqu’il s’agit de longs métrages Japonais, et encore plus lorsqu’ils portent la célèbre marque des Studios Ghibli, et du créateur le plus génial du 7ème Art, Hayao Miyazaki. Je le clame haut et fort, Miyazaki est un des plus grands cinéastes ever. Il est celui qui a transcendé les frontières de son genre et donné au cinéma d’animation une aura auprès des critiques qu’il n’avait jamais atteintes auparavant. Disney était apprécié, Miyazaki est adulé. Dieu vivant au Japon, le cinéaste a ponctué sa filmographie d’œuvres d’une richesse inouïes, s’adressant tour à tour aux adultes ou aux enfants.
C’est plutôt vers les grands qu’il faut se tourner avec ce Voyage de Chihiro, la complexité du récit et sa valeur symbolique en font une œuvre difficile d’accès pour les plus jeunes.
Comme souvent Miyazaki développe un monde riche et complexe, très empreint de culture Japonaise, mais accessible universellement. La beauté des lieux et des décors est telle, qu’on aimerait s’y ballader en vrai. L’animation traditionelle, en 2D, à la main, est d’une grâce et d’une beauté infinies.
Encore une fois Miyazaki nous propose une héroïne. Ses personnages féminins, omniprésents tout au long de son œuvre, sont souvent éloignés de l’image de la femme traditionnelle dans la culture asiatique. Ici point de femme soumise, ses héroïnes sont au contraire habiles, intelligentes, et portent en elles la solution aux problèmes majeurs. De Nausicaä à Ponyo, ce sont plein de noms qui jalonnent sa carrière : Sheeta (Le château dans le ciel), Satsuki et Mei (Totoro), Kiki la petite sorcière, la Princesse Mononoké, Sofi (Le château ambulant) et bien entendu Chihiro.
Pourtant, les films de Miyazaki ne sont pas des films pour les filles (des Shoujos), comme cela peut être le cas avec une partie de l’animation (Japonaise ou pas), très ciblée. Ses héroïnes sont universelles.
Chihiro, au travers de la perte symbolique de son nom, et ses diverses expériences de vie et de travail, va se forger un caractère, grandir et finalement sortir vainqueur de ces épreuves, pour pouvoir aller de l’avant dans sa vie.
L’accueil du film en occident a été sans précédant. Pour la première fois, un film d’animation décrochait le prix principal dans un festival majeur de cinéma (Ours d’Or à Berlin) face à des films « live », traditionnels. Oscar du meilleur film d’animation, et une multitude d’autres prix divers…
Cette reconnaissance du travail de Miyazaki, dont Princesse Mononoké avait ouvert la voix en Europe (longtemps après sa sortie Japonaise) où seuls quelques initiés connaissaient déjà son travail (notamment Totoro), a permis par la suite la ressortie de tous les films du Maître.
Un dernier mot sur la musique du film, un point qui m’est cher. Signée de son habituel complice Joe Hisaishi (qui a fait tous ses films chez Ghibli), la B.O. est ponctuée de belles mélodies au piano, et d’envolées orchestrales au consonnances plus orientales tout à fait plaisantes.
Une œuvre foisonnante, captivante, essentielle.