On retrouve dans ce beau "Voyage de Felicia" toute l'élégance stylistique de Egoyan - capable ici de nous faire basculer insensiblement et avec une suavité un peu new-age de la contemplation au malaise -, et son vrai talent à exprimer la douleur sans pathos ni chantage aux sentiments. Comme Egoyan est aussi un excellent directeur d'acteurs, on est heureux de retrouver un Bob Hoskins un peu dévalué ces dernières années dans ce qui restera sans doute son meilleur rôle, mais le film, au bout du compte, reste curieusement inférieur à la somme de ses excellents éléments. Comme si une certaine fadeur naissait du contrôle parfait que Egoyan impose à sa recette.
[Critique écrite en 2002]