Ainsi, la marche funèbre de la critique est déjà entamée, entonnant ses histoires habituelles de reshoots, de réalisateur incapable et de second couteau dans l'ombre pour sauver ce qui peut l'être. Dénonçant déjà la catastrophe industrielle qui sent des pieds.


La critique française est en train de reprendre cet habituel refrain, sans grandement réfléchir, sans développer ses propres idées.


Une telle chanson devient donc des plus classiques, et offre ainsi quelques victimes faciles en sacrifice à la vindicte qui ne l'est pas moins.


Le masqué n'était pas encore au fait de tous ces écueils quand les lumières de la salle se sont éteintes. Il vous dira donc qu'il n'est pas sorti de la salle ni énervé, ni transporté.


Car au delà des problèmes dénoncés, il y en a un bien plus important encore : le ton du film.


Pourtant, l'idée de raconter ce Voyage du Dr Dolittle durant la période victorienne, soit en revenant à la source de Hugh Lofting, avait de quoi séduire, s'éloignant immédiatement du modernisme mortifère et de son cynisme. Et si le scénario est des plus classiques, voire paresseux, la quête se parfumera d'un feeling Pirates des Caraïbes plutôt bien vu dans certaines de ses péripéties.


L'image de Guillermo Navarro, elle, se montre souvent agréable à l'oeil avec ses couleurs veloutées et chaude, tandis que les animaux, tout de synthèse vêtus, sont convaincants, sans jamais nier leur propre nature.


Sauf que le film simplifie tout d'abord le discours de sa source, dont il ne restera que de très maigres bribes. Et le pire, c'est qu'il le fait en mettant en oeuvre un humour parfois lamentable, souvent infantilisant, qui provoque immédiatement un sentiment de regret, annihilant les tentatives d'un discours un poil plus sombre sur la perte, la résilience ou encore la différence. Comme s'il était malvenu, aujourd'hui, de se pencher sur des états d'âme mélancoliques d'un gorille ou d'un tigre et qu'il fallait immédiatement les sortir du cadre histoire de ne pas rendre les bambins dépressifs.


Sauf que le film se perd dans une improbable greffe d'un animal merveilleux qui a tout du hors sujet, et auquel, malheureusement, on fait subir les pires outrages. Jusqu'à se demander où l'on est, et si c'est bien le Docteur Dolittle à l'oeuvre.


Sauf que le film use et abuse de la caricature pour faire exister son méchant dérisoire, Michael Sheen n'en ressortant guère grandi.


La VF, quant à elle, finit de consterner dès lors qu'elle fait parler un animal, nous privant du plaisir d'entendre les performances de Rami Malek, Emma Thompson ou Octavia Spencer.


Nuisant irrémédiablement à un Voyage qui aurait pu être plus réussi s'il avait été envisagé non par dessus la jambe, ou avec précipitation, mais avec attention et sans se sentir obligé de cibler de manière automatique le très jeune public seulement parce qu'il y a des animaux dedans.


Car le deuil de Dolittle et de son beau-père, les névroses d'un tigre ou la mélancolie d'un gorille méritait plus de délicatesse, plus d'empathie et de bienveillance dans un traitement moins nivelé par le bas. Alors même que ce Voyage du Dr Dolittle arrive à ne jamais totalement se montrer raté, mais manifestant, à tout le moins, une schizophrénie frustrante.


Il sera par ailleurs recommandé de ne pas se contenter d'appeler un vétérinaire pour faire soigner cela.


Behind_the_Mask, spécieux spéciste.

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le 8 févr. 2020

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