Nous sommes en 1960 et nous suivons Mark, un Peeping Tom, Mark le voyeur. C'est son petit surnom à ce jeune blond un peu inquiet, qui communique mal, qui photographie ce qui l'entoure et filme certaines parties charnues de notre anatomie qu'on tente de mettre en valeur pour mieux les contempler de nouveau. C'est un peu un cas. Mais un gentil garçon.
Cependant alors qu'il fait nuit, ce soir, pour lui, ce sera sa première fois ! Il est excité mais il est aussi inquiet, il regarde de tous les cotés, il vérifie que sa petite caméra fonctionne bien. Il veut pouvoir se repasser cette soirée mémorable dans son petit appartement, le regard fixé sur l'écran, re-savourant chaque instant, encore et encore.
Il l'a repérée depuis un moment, avec son manteau de fourrure, son visage maquillé et ses petits talons, attendant seule dans l'obscurité, mais Tom tergiverse encore un peu, puis à pas lents et chaloupés il s'approche de la créature. Cette dernière le jauge et lui dit "Ce sera deux billets !".
Elle doit trouver qu'il a une bonne tête, Tom, sans doute de peur de rompre le charme, il acquiesce en silence et la suit dans une impasse, il ne sait pas encore exactement comment ça va se passer mais il a hâte, le chenapan ! Il pénètre alors dans un petit immeuble miteux, monte un escalier grinçant, bouscule une vieille dame qui a connu de meilleurs jours et entre dans le petit meublé.
Elle, on ne connait pas son nom mais elle connait son métier, elle enlève son manteau, délasse et son corps et son haut sur l'édredon moelleux, lui n'a plus qu'une idée en tête, il se démène et s'approche d'elle, impatient, elle ouvre alors la bouche pour son plus grand plaisir. On s'imagine sans peine qu'il est un peu déçu, c'est presque trop rapide, l'instinct est assouvi en un instant, mais le voilà satisfait, c'était mou, chaud et collant, ce meurtre de fille de joie, c'était sa première fois.
Cependant je me dois de confesser que je n'ai pas été très honnête, il ne faut pas oublier que quand on découvre un nouveau film, pour nous aussi c'est toujours la première fois. Celle-ci est des plus honnêtes, oppressante par le caractère obsessif mais peu sur de lui de notre personnage principal au pas non pas timide mais furtif, par sa musique et ses ambiances : un petit peu cinéaste, un petit peu jeune premier et pour finir une bonne part de traumatisé qui amène à l'évidente conclusion qu'après une première fois, nous ne sommes que dans l'attente de la seconde même si on discerne désormais un schéma familier.