Le Voyeur a été réalisé en 1959 par le réalisateur britannique Michael Powell. Bien qu'il soit sorti presque simultanément que le fameux Psychose d'Hitchcock avec lequel il partage des similitudes et des thématiques évidentes, il semble que Le Voyeur eut été insupportable à regarder pour la critique et le public de l'époque. Contrairement à Psychose, Le Voyeur fut un total fiasco. Son film connut un sort beaucoup plus injuste, provoquant le choc et le dégoût des spectateurs malgré l'absence totale de scènes révoltantes. Les critiques ont été si dévastatrices qu'elles ont contribué à l'effondrement de la propre carrière de Powell, au contraire d'Hitchcock qui a pu stimuler la sienne avec Psychose.
Le Voyeur est un mélange d'horreur psychologique où l'on suit la vie de Mark (Karlheinz Böhm), un jeune assistant cameraman tordu qui assassine des femmes tout en capturant soigneusement les derniers moments d'agonie de celles-ci. La façon dont Powell met en scène le voyeurisme du spectateur en fait une expérience aussi dérangeante qu’intrigante puisqu’il fait de nous des complices. Tout au long du film, nous assistons à l'escapade voyeuriste et criminelle de Mark, qui entreprend une manœuvre cinématographique à travers celle-ci. Powell élabore une étude freudienne sur les traumatismes, les abus ainsi que les retombées qui en découlent, en l’occurrence ici sur la personnalité de Mark. C'est un film où les visuels et l'éclairage sont de très grande qualité et assurément très agréables à visionner sur grand écran grâce à sa restauration récente en 4K.
Défendu par les plus grands tels que Brian De Palma, c'est surtout Scorsese, grand admirateur de Powell, qui a été le fer de lance de la redécouverte de Le Voyeur. Se retrouvant progressivement réhabilité au cours des quarante dernières années, il se dresse désormais comme l'un des films les plus souvent cités par la profession. On a vu souvent de bonnes œuvres renaître de leurs cendres des décennies après avoir été jetés en pâture à leurs sorties, cependant avec Le Voyeur, on a rarement assisté à une renaissance d’une telle ampleur.