Portrait d’une jeune femme en détresse, ce premier film de Bruno Rolland est raté sur toute la ligne et montre une fois de plus que les bonnes intentions sont loin de suffire. La volonté de flou dans l’écriture est un parti pris respectable en soi mais se résume ici en un exposé confus de l’histoire personnelle de l’héroïne (on comprend qu’elle a un père avec lequel ça doit coincer un peu mais c’est à peu près tout). Il n’y a par ailleurs aucune épaisseur psychologique chez les personnages qui ne sont que des ectoplasmes gesticulant (que vient faire Ginette Garcin dans cette galère ?), aucune justesse non plus (ni de justification) dans les situations qui sont parfois grotesques. Il n’y a finalement à retenir que quelques images bien tournées exposant des corps dénudés (scènes de strip-tease ou d’amour) dans toute leur aridité et même leur désolation. On voit surtout celui de Léa, joué d’une façon monolithique par Anne Azoulay qui n’a aucun charme et dont on se demande bien ce qui en elle fascine autant les hommes que les femmes ! La critique de la société est d’une maladresse insigne, avec le personnage caricatural du professeur, la scène du scandale se révélant d’un ridicule achevé. Même remarque à propos de la satire sexuelle dont on a du mal à démêler les ressorts et qui débouche le plus souvent sur une inesthétique glauque. Le propos est-il de proclamer dans une envolée mallarméenne que la chair est triste ? Si oui, ce n’était vraiment pas la peine d’en faire un film de plus !