Lebanon par dillinger0508
Le film se déroule entièrement dans un char, ne laissant (entre)voir les faits extérieurs que par l'intermédiaire très limitant du viseur. Cette idée est intéressante à plusieurs titres : d'abord pour son originalité, mais aussi pour l'anéantisement qu'elle permet de tout sentiment héroïque/épique, grisement qu'il est difficile voire impossible de contenir au visionnage de la quasi-totalité des films de guerre, malgré les "messages" pacifiques que les réalisateurs auraient voulu faire passer (cf. Apocalypse Now, Valse avec Bachir) . Parmi les films que j'ai pu voir, il n'y a guère (héhé) que "Les Carabiniers" (Godard) et "Flandres" (Dumont) pour montrer des faits de guerre aussi médiocres et bas. Pour finir, l'intérêt de l'idée du viseur réside peut-être majoritairement dans la mise en abyme qu'il instaure, dans ce qu'il est l'Oeil, la caméra, le voyeur (Peeping Tom). Lebanon est un film de guerre sur les films de guerre : lorsque le viseur se braque longtemps, trop longtemps sur tel cadavre ou telle femme pleurant sa famille qui vient d'être abattu, le mal-être s'installe, c'est du voyeurisme dont il est question, de la complaisance aussi. Ce sentiment de passivité "spectatorale" morbide est d'autant plus fort que l'interaction entre le dedans et l'extérieur est quasi-nul et toujours différée : les soldats du char ont beau avoir commis une erreur grave, c'est en vain qu'ils scrutent le visage de leur supérieur : il faudra attendre que ce dernier entre dans l'engin (pour faire un bilan) pour que l'on sente l'"extérieur" réagir.