Chrono Critique - Legend (Brian Helgeland, 2016)

/!\ ATTENTION CETTE CRITIQUE CONTIENT DES SPOILS /!\

"Legend", le cinquième film de Brian Helgeland, le réalisateur qui a nous fait découvrir Heath Ledger dans "Chevalier" en 2001, est son second biopic après "42" sorti en 2013 avec Chadwick Boseman et Harrison Ford. Cette fois-ci il est question de réussir à retranscrire la vie de deux personnes ayant marqué à jamais l'esprit de Londres un peu comme ce fut le cas avec Jack l'Eventreur. Et le défi à relever ici est assez costaud puisque Tom Hardy doit jouer les rôles des deux personnages principaux qui sont des jumeaux.

Dans un Londres des années 60 deux jeunes frères jumeaux sont à la tête d'une mafia qui contrôle toutes les rues et n'hésitent pas à fracasser les concurrents à bons coups de marteau dans les genoux, et tout cela en narguant la police qui se révèle être de piètre qualité en matière de discrétion en filature. Mais les deux frères sont assez différents l'un de l'autre, nous avons le charismatique Ronnie (Ronald) Kray amoureux de la douce et belle Frances Shea qui le supplie d'arrêter les magouilles, et de l'autre côté se trouve le terrible Reggie (Reginald) Krey, un homosexuel assumé schizophrène paranoïde qui doit prendre des cachets pour calmer ses nerfs. Pour Frances, c'est le début d'une descente aux enfers avec les deux frères au potentiel autodestructeur et dont tout ne semble pas fonctionner pour chacun d'eux.

Magnifiquement bien filmé avec des plans aussi beaux que mémorables, un plan séquence à couper le souffle et un travail sur le cadre et la lumière sans aucun reproche, ce film est une poésie pour les yeux, sachant se glisser dans la douceur et le paisible de Ronnie pour basculer dans la violence et la haine de Reggie, avec même parfois des inversions. Tom Hardy est époustouflant en nous jouant deux rôles sans que le spectateur n'ai aucun mal à confondre l'un ou l'autre, que ce soit au niveau du faciès (Reggie a un visage assez dur tandis que Ronnie arbore un visage doux et paisible), de la voix (Ronnie a une voix plus aigue (dans la vf en tout cas) que son frère) du corps (Reggie est un peu plus robuste) ou même du caractère du personnage. Il est à noter que si au début du film les frères sont différents, petit à petit les rôles s'inversent et c'est à Ronnie de montrer un côté sadique et violent et à Reggie d'adopter un esprit plus affectueux envers sa belle-soeur. La douce Emily Browning qui joue le rôle de Frances est à croquer, son visage lumineux devenant de plus en plus sombre au fil de ses déceptions devant son mari qui ne s'en occupe pas est remarquablement bien joué. Les musiques, de style jazz, correspondent bien à l'action ainsi qu'à l'époque des faits, on s'y croirait vraiment dans cet univers.

Des plans, un cadre et une lumière super travaillés, des acteurs irréprochables dans leur jeu et une bande son sans défaut, nous tenons là un excellent film qui retranscrit bien l'ambiance des lieux à l'époque, du climat de terreur installé par les frères Kray et laisse le spectateur entrer dans l'histoire pour découvrir ces personnages célèbres mais pas si connus que ça, et les voir évoluer jusqu'à nous montrer leur véritable facette.