Trop d’ambition, trop peu de moyen

"Légion : l'armée des anges" se présente comme un film d'action-thriller centré sur la mythologie biblique et l'Apocalypse. Un choix original et audacieux, mais qui ne parvient malheureusement pas à répondre à toutes les attentes, et ce pour plusieurs raisons.

Pour commencer, un scénario abordant ces thèmes aurait pu offrir une profondeur narrative intéressante, notamment en nous proposant une réflexion sur les nuances de moralité et de foi à travers les archétypes bibliques. Cependant, il est malheureusement traité de manière très superficielle en raison de facilités scénaristiques grossières, d’incohérences et de dialogues peu inspirés.

Déjà, toute l'histoire est cimentée par un MacGuffin, prenant ici la forme d'un bébé à protéger contre la colère de Dieu, et même si la référence au Christ est évidente, tout comme la symbolique autour de l'espoir et de l'innocence, le scénario nous donne trop peu d'explications tangibles sur l'existence de ce bébé et les raisons pour lesquelles il doit être protégé. Cela rend le tout très flou et inconsistant. C'est d'autant plus absurde quand on sait qu'il n'est pas né de l'Immaculée Conception.

Ce qui nous amène au second problème le plus important : l'univers mis en place. Bien que la Bible telle qu'on la connaît soit référencée à travers des passages comme le déluge ou la bonté des anges, l'univers du film s'en écarte significativement. Les Archanges sont dépeints comme des guerriers tenus en laisse, tandis que les anges inférieurs deviennent des psychopathes aux langages châtiés, possédant les humains et les massacrant sans remords.

Cette divergence avec la Bible traditionnelle confère une certaine originalité au film, mais son manque de développement rend ce nouvel univers biblique sinistre très superficiel, en plus de remplir l'intrigue de trous que nous sommes censés combler par nous-mêmes en faisant le lien avec la Bible que nous connaissons. Cela constitue une faute d'écriture importante.

Enfin, bien que les personnages manquent de développement, leurs interactions sont suffisamment bien écrites pour susciter de l'attachement dans le contexte du film. En revanche, les dialogues, bien qu'efficaces par moments, frôlent souvent le ridicule, diminuant d'autant plus la profondeur de l'intrigue. Qui plus est, dans un huis clos où les moments d'action alternent avec des scènes plus calmes visant précisément à développer les personnages et l'histoire. Ce défaut est non négligeable. Ces scènes ont d'ailleurs tendance à traîner en longueur, ce qui affecte beaucoup le rythme du film.

Et même si le budget semble également avoir été un frein pour certaines choses, notamment les décors, il reste cependant important de considérer les qualités de l'œuvre.

L'idée, bien que sous-exploitée, apporte une certaine fraîcheur au genre.

Les créatures, sur lesquelles repose la quasi-totalité de l'aspect horrifique du film, sont, dans l'ensemble, peu originales. Tant par leur design que par leur attitude qui s'apparentent à de simples démons, mais cela reste efficace et contribue à maintenir une tension constante dans le film. D'autant plus, que nous pouvons compter quelques exceptions, telles que le marchand de glace qui dégage une aura cauchemardesque presque digne d'un Little Nightmares.

Le film n'a pas non plus peur de se montrer dérangeant par moment, par exemple en tuant des innocents violemment ou en possédant un enfant pour tuer un bébé.

Les scènes d'action sont nombreuses et divertissantes, notamment le combat final contre Gabriel.

Le film sait très bien gérer son suspense en allant crescendo dans l'horreur et la tension.

L'atmosphère apocalyptique est palpable, et les musiques et les acteurs sont excellents.

Au final, l'ambition du film est louable, mais l'exécution est mitigée. Malgré ses qualités en tant que thriller d'action apocalyptique, le film aurait pu devenir un classique en investissant davantage dans son scénario et en approfondissant ses thèmes.