Dans les intentions des réalisateurs portugais de Légua (petite ville à l'ouest de Porto), il est noté que le film est le portrait de la fin d'un ancien monde. Pour être juste, il faudrait plutôt préciser que c'est avant tout celui d'une femme de 49 ans, Ana, qui seconde la vieille Emília pour s’occuper d'une vieille demeure bourgeoise que ses propriétaires ne fréquentent pratiquement plus. En l'absence de son mari, parti travailler en France et de ses enfants, désormais grands, c'est le quotidien de cette domestique qui nous est racontée. Malheureusement, le film ne fait rien ou presque pour approfondir sa personnalité, dont on devine qu'elle se contente de son labeur, après des années de service, à défaut de s'y épanouir réellement. Tout est neutre dans Légua : la tonalité générale, la mise en scène, qui ne s'aventure que rarement hors des murs de la maison, sauf pour quelques beaux plans d'une nature luxuriante. et enfin les dialogues d'une grande banalité. On a bien compris que Ana était une femme simple et docile, mais on espérait du film autre chose que ce manque d'éclat, d'autant que les seules exceptions concernent une poignée de moments complaisamment morbides. Quant à la durée du film, un peu moins de deux heures, elle est évidemment excessive et lui confère un rythme quasi immobile et désespérant.