J’ai vu le documentaire sur Ozzy Osbourne, j’ai vu celui sur Alice Cooper, celui sur Anvil, mais je n’avais pas encore vu le plus apprécié et populaire des documentaires sur une figure légendaire du rock, celui sur Lemmy, tout simplement appelé… Lemmy.
Et bien que j’adore plusieurs chansons de Motörhead, je ne suis pas vraiment fan du groupe, mais j’avais envie d’en savoir plus sur son "frontman", élevé au rang de légende, désigné par tous les metalleux comme s’il s’agissait d’un dieu. Un homme dont j’avais entendu vaguement qu’il ne buvait plus d’eau depuis des années, et continuait de boire et fumer abondamment même à 70 ans. Mais à force de retarder le visionnage, et vu l’état de santé du chanteur ces derniers temps, il m’était venu à l’esprit plusieurs fois que je verrais uniquement ce film après la mort de Lemmy.
Et Lemmy Kilmister est décédé la nuit dernière. Je me suis senti obligé de voir enfin ce documentaire.
Je sais désormais que je n’aurai pas l’occasion de voir Motörhead en vrai, mais j’ai tout de même eu le même type de frissons qu’en concert rien qu’à entendre leur musique dans le film, à les voir sur scène, ou simplement à constater la pure passion de leurs fans. On entend le nom de Lemmy associé à des termes comme "dieu", "mythe", "Jesus", on parle de lui comme on le fait dans les fameux "Chuck Norris facts", comme s’il était invincible et tout-puissant.
Comment on se bâtit une telle réputation ; je dirais même un tel culte ?
Une tonne de guests est là pour donner leur petit témoignage, leur anecdote loufoque, qui dressent le portrait du personnage même si tous semblent s’accorder à dire que Lemmy est juste Lemmy, il est unique et il n’y a pas de mots pour le décrire.
On voit défiler un tas de musiciens reconnus et idolâtrés, qui à leur tour désignent Lemmy et Motörhead comme leurs modèles. (même des rappeurs, comme Ice-T)
Sans Motörhead, pas de Metallica, de Slayer, d’Anthrax, … et c’est quelque chose dont je ne pouvais pas me rendre compte avant, n’ayant pas vécu la naissance du heavy metal ; j’ai connu tous ces groupes sans savoir lequel avait influencé les autres.
Sur un plan plus personnel, malgré sa voix rocailleuse et son look de bad motherfucker, Lemmy apparaît comme un type drôle et plutôt humble. Il arbore souvent un blouson aux couleurs de Motörhead, mais quand on lui demande quel est le meilleur groupe de tous les temps, il cite les Beatles, tout à fait sincèrement.
Quelqu’un à qui le succès n’est pas monté à la tête ; Dave Grohl le dit, mais c’est aussi quelque chose qu’on remarque par soi-même à force de suivre le chanteur de Motörhead pendant tout le film.
Et malgré ses problèmes de santé, il continue avec le même train de vie, parce que c’est ce qu’il a toujours fait. D’ailleurs à 70 ans cette année, il sortait un nouvel album et continuait les concerts.
Pourtant, la légende disait vrai : Lemmy fume, se drogue, boit des bouteilles de Jack Daniels comme s’il s’agissait de canettes de bières, mais personne ne peut dire l’avoir vu bourré ou défoncé. C’est vraiment à croire qu’on entend parler d’un être qui n’existe pas vraiment, une entité. Motörhead est aussi le groupe le plus bruyant qui soit, à en croire le Guinness book, mais Lemmy ne semble avoir aucun problème d’audition.
Il y a quelques autres anecdotes un peu dingues dans le documentaire (Lemmy qui retrouve son fils en attendant son dealer ; lui et son fils qui ont échangé leurs copines à deux reprises, …), mais aussi des moments de simples discussions entre potes. Mais même si ces potes sont Dave Grohl ou Billy Bob Thornton, je craignais que le film s’attarde trop sur ce type de choses pas forcément intéressantes, surtout que, comme dans beaucoup trop de documentaires, ça manque de structure. A un moment on les entend parler d’Hendrix, et ça n’est que plus tard qu’on raconte les débuts de Lemmy, et le fait qu’il ait été roadie pour Jimmy Hendrix. La mise en scène et le montage sont donc plutôt brouillons, et les plans se font souvent courts alors que la caméra tremble et zoom/dézoome beaucoup trop.
Le documentaire se laisse quand même regarder sans mal au final, même si les 1h50 auraient pu être condensées. Il y a plusieurs passages musicaux où la chanson est laissée en entier, comme pour étirer la durée du film artificiellement, mais en même temps, ça fait plaisir à entendre, donc je ne vais pas trop me plaindre.
Bien que sorti 5 ans avant sa mort, on dirait vraiment que ce documentaire est un hommage post-mortem à Lemmy, tant on fait l’éloge de sa personne. La fin du film semble avoir a été pensée ainsi, peut-être parce que la santé du chanteur était déjà inquiétante à l’époque, puisqu’on mentionne même ce qu’il arrivera à sa mort : ce sera un jour triste mais on repensera aux bons moments qu’il nous aura fait vivre.
Et en guise de conclusion, ces paroles de Lemmy himself : "Ne nous oubliez pas. Nous sommes Motörhead, et nous faisons du rock’n’roll".
RIP Lemmy.
http://www.mediumscreen.com/2015/12/critique-lemmy-de-greg-olliver-et-wes.html