Léo le dernier par Maqroll
Une très belle fable sociale, une de plus, signée par John Boorman en 1970, soit juste avant Délivrance, qui sera son premier succès grand public. Un riche Anglais, incarné magnifiquement par Marcelo Mastroïanni, rentre chez lui après une longue période de maladie et reprend sa passion d’ornithologue. Avec ses jumelles, il va bientôt observer de drôles d’oiseaux qui vivent dans sa rue, des Noirs misérables abandonnés du monde et livrés au racket et à la prostitution. Il va reprendre peu à peu goût à la vie en se donnant pour mission d’aider ces pauvres gens envers et contre tout et tous. La progression du récit est exemplaire : étape par étape Leo, abandonnant son statut d’observateur passif pour devenir acteur concerné, descend à la rencontre de cette faune qui lui était a priori si étrangère, jusqu’à fraterniser avec ce « petit peuple » dans une revendication violente contre la richesse de l’aristocratie, soit contre ses propres racines. La fin, en forme d’apocalypse, est aussi grandiose qu’énorme, après que le naïf aura laissé ses illusions au vestiaire. C’est un premier grand film dans la carrière de cet auteur pas assez reconnu et plus qu’estimable.