Leprechaun est un mélange assez informe entre la comédie farfelue (Warwick Davies est en roue libre) et film d'épouvante avec une créature de petite taille qui arrive quand même à faire des meurtres décalés. Un mix entre Don Salluste ("Il en manque UNE !") et Chucky avec un chapeau vert qui "veut son ooooor..." (ligne de dialogue répétée mille fois), des godasses noires au gros ceinturon doré qu'on cadre à peu près toutes les dix minutes ("Comment faire comprendre au spectateur que le Leprechaun arrive ? Ah oui : un autre plan chaussures !"), qui aligne vanne nulle sur vanne nulle (au secours), n'arrive jamais à faire peur ni rire, un ratage complet sur tous les tableaux. On sera quand même séduit par les prothèses en plastique assez souples qui habillent Warwick (il a dû en baver avec ce personnage : essayez d'imaginer le poids de tout ce qu'il a sur le visage...), par un certain rythme, par un côté nanardesque (à regarder avec trois Irish Coffees dans le pif, pour tenir jusqu'au bout) qui découle directement des omniprésentes (et affligeantes) vannes du leprechaun, par la présence assez rare de Jennifer Aniston (avant Friends !) et de Ken Olandt (vous ne savez pas qui c'est ? Normal : il n'a quasiment fait que des navets peu accessibles, le voir est donc un exploit). Leprechaun n'a pas grand-chose à défendre, dans son scénario de lutin facétieux qui fait la misère à un couple qui emménage dans une maison où un trésor est tellement bien caché depuis une éternité que le gamin de la famille le trouve en une seconde (moralité : ne laissez pas vos affaires traîner derrière un simple siège de voiture, au mieux vous allez la retrouver fracturée, au pire vous allez avoir aux basques un gnome qui fait des blagues Carambar en boucle... Vous ne voulez pas de la deuxième option). Ce film qui a eu sept suites (le cinéma d'horreur et sa lubie de prolonger des sagas invraisemblables) est une erreur insaisissable du septième art, une blague (pas de lutin) de scénariste qui a abusé de l'Irish Coffee au pub du coin, dont la télé-foot aurait zappé sur La Folie des Grandeurs... Leprechaun en fait des caisses, se croit hilarant et effrayant, et est tellement inconscient de sa propre nullité qu'il en est fascinant.