Suite à l'accueil décevant qu'a rencontré "La belle au bois dormant", projet ambitieux qui aura coûté une couille aux studios Disney, il est décidé de ralentir la cadence, de stopper momentanément la production de courts-métrages et d'espacer les longs de quelques années. Réduction du budget oblige, l'aspect visuel se voit également modifié, le style clinquant et irréprochable des dernières années laissant la place à un trait plus épuré, plus européen.
Si ce changement portera préjudice aux longs-métrages suivants du studio, il apparait extrêmement pertinent dans le cadre de cette adaptation du roman de Dodie Smith, avec qui Walt Disney correspondra longuement, la tenant informée de chaque étape d'un projet qui lui tenait à coeur depuis longtemps.
Pure incarnation de la légèreté du cinéma du début des 60's, "Les 101 dalmatiens" est une petite merveille de comédie, rythmée à la perfection et prenant le risque d'une approche contemporaine et pratiquement dénuée de chansons (hormis deux petites ritournelles délicieusement jazzy), au trait volontairement brouillon en parfaite adéquation avec le style de l'époque.
Aussi drôle et attachant que parfois flippant (la seconde partie vire carrément au survival canin), "Les 101 dalmatiens" propose également un des personnages les plus marquants de l'univers Disney en la personne de Cruella De Vil, sorte d'Anna Wintour avant l'heure qui réussit le tour de force d'éclipser totalement les autres protagonistes de l'histoire, pourtant tous soigneusement croqués.
Expérimental à plus d'un titre et aussi savoureux qu'un bon Banana Split, "Les 101 dalmatiens" sonne à la fois le glas d'une époque dorée tout en annonçant malheureusement une période de vache maigre qui durera plusieurs décennies.