En 1943, Dody Smith et son mari, Aleec Beesley adoptent deux dalmatiens, Folly et Buzz. Le couple de chiens donne naissance à une quinzaine de dalmatiens, dont un semble mort né, mais Aleec réussi à le réanimer. A partir de cette histoire, Dody Smith écrira un roman feuilleton nommé The Great Dog Robbery qui sera racheté par Disney et donnera lieu au film les 101 Dalmatiens. Oui, car j'étais content d'apprendre que en lisant Wikipédia que l'histoire du petit chien qui se fait réanimer était réelle. (Il est mort de vieillesse depuis, mais bref.)

Je ne sais pas si j'avais vu les 101 Dalmatiens enfant : j'en ai vu des extraits, j'ai lu des livres illustrés (notamment ceux de la bibliothèque rose) mais j'étais pas sûr de l'avoir vu durant l'enfance. Et en le revoyant... bah je suis toujours pas sûr, mais au moins la question est réglée.

Et le film est chouette, et offre, c'est assez rare dans les Disney de l'époque, un très long générique assez créatif. On sent qu'on était dans la période où les producteurs allaient se demander s'il ne valait pas mieux mettre l'intégralité du staff ayant tafé sur les films à la fin plutôt qu'au tout début. A l'époque, le studio Disney est en pleine mutation : La Belle au Bois Dormant ayant salement bidé, et si on voulait produire des films, il fallait réduire les coûts.

C'est donc avec une technologie de photocopie dû à Xerox, que les animateurs découvrent de nouveaux effets : certains ont très bien vieillis (comme le fait d'avoir juste à photocopier les taches des dalmatiens au lieux de les reproduire image par image) d'autres donnent un effet un peu crayonné avec une multitude de trait (le manteau de Cruella est comme ça) qui fait très vintage. Disney n'aimait pas, mais il se faisait vieux, et il était contre le fait de rendre les humains plus cartoonesque alors que cela donne évidemment toute la direction du film : les animaux et les humains ayant un chara-design plus proche, on peut s'amuser à faire des humains qui ressemblent à des chiens.

Le film des amoureux des toutous :

J'ai vraiment bien aimé ce film. Il se suit bien, avec une intrigue qui va souvent droit au but et les personnages sont assez attachants. D'ailleurs le film est assez étrangement scripté, car si Pongo et Perdita sont les héros pendant le premier puis le dernier tiers, il y a une bonne vingtaine de minutes où ils ne sont plus à l'écran et où c'est un chat qui est le héros cherchant à sauver les petits Dalmatiens. Déjà : un chat qui aide les chiens, c'est super chic de sa part, mais de l'autre, le pauvre sert juste de transition et disparait une fois son rôle dans l'aventure finie.

L'idée étant de montrer une communauté d'animaux soudés et d'expliquer pourquoi les chiens se mettent à hurler comme des fous la nuit : ils se passent des messages à travers la campagne. L'idée d'avoir une société secrète d'animaux prête à aider les autres animaux lorsqu'ils sont en danger. (Remplacez les animaux par des enfants, et vous avez Bernard et Bianca.)

Bref, c'est un film de chiens, autant que l'était la Belle et le Clochard (qui y font un caméo et cette fois-ci c'est raccord parce que c'est la même ville) avec plein de chiens de races différentes qui s'entraide, et des petits chiots.

Cruella, ou comment se damner soit même :

Dans le côté "feel good", il y a aussi le fait que le film dépeint une société bourgeoise complètement déconnectée des problèmes de la société : le couple Radcliff n'a aucune difficulté à entrenir des petits chiens et à se payer une bonne alors que le mari est un artiste qui a du mal à vendre ses chansons. Ca se balade au parc, ça joue de la musique, ça regarde la télévision (il y a une satire de la télé qui reste encore drole maintenant tant c'est décalé) et ça n'a aucun soucis à se dire "demain on déménage et on achète un ranch où élever une centaine de chiens." Leur société à l'air tellement paisible que lorsque des chiots disparaissent, cela fait la Une des journaux.

A côté de ça, le seul grain de sable dans cette société, c'est Cruella. J'étais super surprise de la voir "avant" la naissance des 15 chiots, mais c'est pas si mal car elle vole littéralement le show. Sorte de sorcière sans pouvoir magique, de femme mondaine vraiment effrayante, qui est censée avoir le même age qu'Anita (à savoir, 20, 25 ans) et en fait 30 de plus. Plus elle monte dans les gammes de la méchanceté plus elle devient affreuse.

Et plus j'analyse le film, plus je m'aperçois à quel point sa méchanceté est un moteur essentiel du film, au point que toutes les actions du milieu du film peuvent répondre à "Parce que Cruella est méchante"

Pourquoi s'embête t-elle a aller sillonner la campagne avec sa voiture, pourquoi écrase t-elle ses clopes dans la bouffe, pourquoi trouve t-elle rigolo d'asperger Roger d'encre ? Pourquoi, elle entre en guerre contre un camion alors qu'elle aurait simplement pu l'arrêter en lui faisant signe ? - Parce qu'elle est méchante !

A vrai dire, tout le monde déteste TELLEMENT Cruella dans le film, qu'une chanson écrite spécifiquement pour souligner son ignominie passe à la radio... et devient le tube n°1

Et ce qui me tue, c'est à quel point son plan repose uniquement sur de la méchanceté. Cruella veut tellement se faire ses manteaux de fourrures qu'elle récupère 84 chiots de dalmatiens, soit abandonnés, soit qu'elle a acheté en animalerie. Elle pourrait attendre que ceux-ci deviennent grand et récupérer leur peau ce qui ferait plein de manteaux de fourrure.

Du coup, si on y réfléchit bien, en fait... elle n'a pas besoin des 15 dalmatiens qu'elle vole au couple Roger/Anita (ou Pongo/Perdita selon votre point de vue.) Elle n'en a jamais eu besoin. Du tout. Mais elle est tellement méchante qu'elle veut faire souffrir le couple Radcliff pour avoir refusé de leur vendre les chiots.

Et tout ce qui lui arrive ensuite découle de cet acte qui était inutile à son plan initial : le vol des chiens la force à accélérer son plan parce que la police la surveille, cela alerte aussi la société des animaux, qui va libérer les dalmatiens. Puis course poursuite, et accident contre le véhicule des voleurs qu'elle a ELLE même engagée.

Et dépitée au bord du ravin, ne savourant pas sa chance d'être un des rares méchants Disney a être vivant à la fin du film, Cruella hurle. "Ho, shut up !" lui répond son accolyte avec un pur accent du cockney. Et c'est une tellement bonne conclusion.

Est-ce que je le montrerais à des enfants ? : Bah oui, c'est les 101 Dalmatiens.

Possibilité de remake/suite : Aussi étonnant que ça puisse paraître... je suis curieux de voir le film Live Action avec Glen Close paru dans les années 90. (Moi qui crache sur les remakes en live action.)

Le détail qui me titille : Non, si tu peint un dalmatien en noir, ça fait pas un labrador. Pourquoi tout le monde pense ça dans ce film ?

Suis-je le seul ? : A trouver nul le coup du chien qui est juste caractérisé par le fait qu'il est gros, parle sans arrêt de manger et fout tout le monde dans la panade parce qu'il est lent et qu'il passe pas partout. Aïe.

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le 10 janv. 2023

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