Moquons nous, mais gentiment hein, de la start-up nation

Pour ce retour (tant attendu) au cinéma, le choix d'un film comique, éventuellement feelgood, est totalement volontaire. Tout part tellement à vau-l'eau dans ce pays que je n'avais guère envie dans rajouter, dans un registre imaginaire, pendant une heure trente. Après visionnage, il faut admettre que le qualificatif de feelgood est mérité : les gags sont nombreux, fins et souvent drôles, les dialogues plutôt pétillants et en plus, ça finit bien (pas vraiment un spoil de ma part, car on le voit venir rien qu'en regardant la bande-annonce), avec des histoires d'amour dans tous les sens (que là aussi on voit arriver bien à l'avance). Et puis, il faut admettre que c'est plutôt bien joué et le bouquet final est constitué par l'apparition de Vanessa Paradis en uniforme de la marine nationale.


Une fois que cela est dit, il n'y a pas grand chose à rajouter. La trame scénaristique est simple et construite sur l'idée que la start-up exploite ses salariés en individualisant leur gestion à l'extrême, et que dès lors qu'ils s'unissent un tant soi peu, ils peuvent, comme dans toute entreprise, faire valoir leurs revendications auprès de leur employeur. Employeur dont le représentant s'avérera en l'espèce être finalement plus gentil et moins naze qu'il n'y paraissait au début. Ça ressemble un peu en définitive à un conte de fées, tant l'objet de la revendication en question est consensuel et ne peut décemment être remis en cause, sauf à passer pour un monstre.


Reste donc qu'on peut passer un bon moment à rire du ridicule achevé du jargon des entrepreneurs de la nouvelle économie (pas si nouvelle puisqu'en remontant à un peu plus de cent ans en arrière, on peut s'y retrouver), des innovations tape-à-l’œil et gadgets inutile, ainsi que des comportements de ceux qui se laissent séduire par cet univers de sillicone. C'est hélas beaucoup moins drôle dans la réalité pour ceux qui n'y arrivent pas à y tirer leur épingle du jeu et ça ne finit pas toujours aussi bien que dans ce film. Sans même parler du fait que ça constitue parfois un ascenseur social pour des abrutis toxiques...

Marcus31
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Vu au cinéma en 2021 (pas la folie)

Créée

le 20 juin 2021

Critique lue 653 fois

4 j'aime

3 commentaires

Marcus31

Écrit par

Critique lue 653 fois

4
3

D'autres avis sur Les 2 Alfred

Les 2 Alfred
socrate
7

Bullshit jobs

Le monde qui vient. Et qui est déjà là. Nous ne sommes pas tous concernés, pour l'instant, mais la tendance est là, nette et implacable. Les deux Alfred caricature les tendances lourdes du monde...

le 10 juil. 2021

23 j'aime

4

Les 2 Alfred
Cinephile-doux
7

Réalité augmentée

Le monde de Les 2 Alfred, c'est évidemment le nôtre, en réalité (légèrement) augmentée. Autant qu'aux technologies nouvelles et à l'hyperconnexion de nos vies modernes, Bruno Podalydès s'attaque au...

le 10 juin 2021

19 j'aime

1

Les 2 Alfred
morenoxxx
4

Boomer le film <3

Quel plaisir de découvrir un film dans des conditions optimales : légère climatisation, vieux cons qui parlent pendant la séance derrière, une jeune trentenaire égarée devant, sans doute larguée il y...

le 16 juin 2021

13 j'aime

2

Du même critique

Papy fait de la résistance
Marcus31
10

Ach, ce robinet me résiste...che vais le mater

Ce qui frappe avant tout dans ce film, c'est l'extrême jubilation avec laquelle les acteurs semblent jouer leur rôle. Du coup, ils sont (presque) tous très bons et ils donnent véritablement...

le 2 sept. 2015

42 j'aime

5

Histoire de ta bêtise
Marcus31
10

A working class hero is something to be

Un pamphlet au vitriol contre une certaine bourgeoisie moderne, ouverte, progressiste, cultivée. Ou du moins qui se voit et s'affiche comme telle. On peut être d'accord ou non avec Bégaudeau, mais...

le 15 avr. 2019

32 j'aime

7

Madres paralelas
Marcus31
5

Qu'elle est loin, la Movida

Pedro Almodovar a 72 ans et il me semble qu'il soit désormais devenu une sorte de notable. Non pas qu'il ne l'ait pas mérité, ça reste un réalisateur immense, de par ses films des années 80 et du...

le 14 déc. 2021

25 j'aime