Les Trois Royaumes (Red Cliff en Anglais et 赤壁 en Chinois, prononcé « Chì Bì ») est un film réalisé par John Woo en 2008. C'est son premier film chinois (i.e. produit en Chine) depuis Hard-Boiled en 1992, après avoir passé seize ans dans l'industrie américaine à tourner des films d'action plutôt moyens, comme par exemple Broken Arrow (1996), Volte/Face (1997), Mission : Impossible 2 (2000), Windtalkers (2002) et Paycheck (2003). Retour au pays ne signifie pas forcément retour – honnête – aux sources, ne l'oublions pas... Autre point à noter, deux versions assez différentes du film sont disponibles : la version chinoise, en deux parties de 140 minutes chacune, et une version dite occidentale de 148 minutes seulement. Cette dernière fut formatée pour un public non averti, afin de ne pas le contrarier avec une histoire qu'il aurait jugé trop complexe – et qui n'aurait surtout pas été rentable. Cette critique porte sur la version longue d'origine en deux parties.

S'il est clair qu'on n'a pas affaire à un chef-d’œuvre, Les Trois Royaumes vaut tout de même le détour, ne serait-ce que du point de vue historique (et sa vulgarisation pour les néophytes), et plus accessoirement pour juger l'ampleur de ce travail qu'on peut qualifier de pharaonique. L'épisode des Trois Royaumes, qui a vu le Shǔ (蜀), le Wèi (魏) et le Wú (吳) se déchirer et s'affronter pour le contrôle de la Chine à la fin de la dynastie Hàn (漢), occupe une place prépondérante dans l'Histoire de Chine. Et ce, dans tous les sens du terme : s'étendant sur la quasi-totalité du IIème siècle, il est extrêmement présent dans l'imaginaire chinois comme précurseur de la dynastie Jìn (晋). Une flopée de personnages célèbres parsème le film, et peut en effet dérouter le spectateur revêche, peu familier avec les films où figurent plus de deux protagonistes par kilomètre de bobine.
Ainsi, on se familiarise – entre autres – avec Cao Cao, seigneur de guerre du Wèi qui précipita la fin de la dynastie Hàn, et fort d'une solide réputation pour sa clairvoyance militaire et politique ; ZhuGe Liang, fin stratège du Shǔ qui parvint à faire oublier l'infériorité du royaume de Liu Bei par sa sérénité et ses ruses malicieuses, à tel point que son nom est aujourd'hui synonyme d'intelligence supérieure en Chine ; Sun ShangXiang, liée de force au Shǔ par son mariage arrangé avec Liu Bei et espionne talentueuse ; Guan Yu, le grand général Shǔ dont le courage et la bravoure en fit le dieu de la guerre ; et Zhou Yu, conseiller militaire du Wú à l'origine de la stratégie qui conduit à la victoire de la Falaise Rouge, au cœur du deuxième volet du film.

Qu'on se le dise : John Woo n'a pas lésiné sur le pathos exacerbé et les scènes poussives et/ou démesurément spectaculaires. Les puristes ne manqueront pas de souligner le côté ultra-simplificateur de tout un pan de la culture chinoise, souvent traitée de manière simpliste et spectaculaire, budget de 80 millions de dollars oblige.... Pourtant, on retiendra au final une mise en scène appliquée, avec des costumes et des combats très stylisés, et un casting plutôt raffiné : Tony Leung Chiu-wai, dans le rôle de Zhou Yu, déjà remarqué dans In the Mood for Love et 2046 de Wong Kar-wai, Hero de Zhang Yimou et Lust, Caution d'Ang Lee ; Takeshi Kaneshiro, dans le rôle de ZhuGe Liang, héro dans Le Secret des poignards volants de Zhang Yimou ; Zhang FengYi, dans le rôle de Cao Cao, déjà vu dans Adieu ma concubine de Chen Kaige, etc. (la liste est longue). Enfin, de nombreux éléments de la culture chinoise, comme la poésie, la calligraphie, le rapport à la Nature ou la musique et son interprétation, restent relativement intéressants et novateurs d'un point de vue « occidental ».

La suite ici : http://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Trois-Royaumes%2C-de-John-Woo-%282008%29

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le 18 mars 2014

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Morrinson

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