Primé au dernier Festival international du film d’animation d’Annecy, Les 4 âmes du coyote est effectivement une proposition insolite tout droit venue de Hongrie. Le réalisateur Aron Gauder, dont c'est le deuxième long-métrage après District ! (2006), brûlot trash sur la lutte des classes à Budapest, change de ton et de style graphique. Il conserve des thèmes universels - l'écologie, la colonisation, la place de l'homme - et immerge son film dans le folklore amérindien, dont certaines légendes font échos à la mythologie chrétienne/judaïques et grecque. La Genèse est bien sûr évoquée mais le récit d'Adam et Eve se voit radicalement transformé par le truchement du Coyote, Prométhée des peuplades autochtones et déclencheur de ce conte. Une figure complexe, émanation orpheline à la fois repoussante et bouleversante. Reflet des inquiétudes par rapport aux dérives de l'Homme, le personnage est d'ailleurs le seul à proposer un cheminement complet. Gauder utilise ce parcours pour traverser l'histoire du nouveau-monde, plus ou moins adroitement (dans sa dernière partie, la chronologie est un peu brouillonne). Se faisant, il délivre un parabole sur l'état du monde lui-même et du cercle vicieux dans lequel s'enferme le genre humain (surconsommation, expansionnisme, goût du sang). Le trait est parfois un peu trop appuyé mais ça n'empêche pas quelques petits rappels à la réalité des plus tragiques (le massacre des populations amérindiennes). Le tout avec beaucoup de cœur et une animation de toute beauté.