Comme dans son précédent film (Chronicle) et d’autres adaptations de comics, Josh Trank a décidé de mélanger la thématique du super-héros avec celle de l’adolescence. Et il faut dire que Les 4 Fantastiques s’y prêtent à merveille tant les pouvoirs des personnages se font métaphore de l’adolescence. Période où, au choix, on se sent invisible aux yeux des autres (La Femme invisible), on est continuellement en chaleur (La Torche), on a le sentiment de ne plus ressembler à rien avec une peau vérolée par l’acné (La Chose) et, plus généralement, on se sent mal dans sa peau tant notre corps change radicalement avec des bras et des jambes trop grands par rapport au reste du corps (Mr. Fantastic). De fait, la première partie des 4 Fantastiques n’est rien de moins qu’un film sur l’adolescence. Soit un triangle amoureux où jalousie et égo viennent se mélanger. On y trouve un rebelle, un autre qui se cherche un père de substitution. Josh Trank aborde diverses choses, met en place de belles idées. Quand les personnages décident d’aller en douce dans l’autre dimension, c’est après avoir trop bu (autrement dit, ce n’est rien d’autre qu’une connerie d’adolescent – souvenez-vous de Chronicle). Bref, tous les ingrédients sont présents même si, déjà, on sent que le background de certains personnages est un peu expédié, comme coupé au montage (le personnage de Jamie Bell notamment). Le film, malgré tout, se suit avec plaisir, parce qu’il amorce de nombreuses pistes intéressantes.
Plus tard, lorsque les personnages sont finalement exposés à l’énergie radioactive qui leur confèrent leurs pouvoirs, Les 4 Fantastiques devient même assez noir. Les héros sont des freaks apeurés, enchaînés et isolés dans des salles où ils sont étudiés. La découverte de leurs pouvoirs est vue comme une manifestation incontrôlable et monstrueuse. Lorsque Reed, rampant dans les conduits tel un poulpe, découvre son pote Ben qui n’est plus qu’un amas informe de pierre, on peut y lire toute la détresse du personnage, son incapacité à l’aider. On n’est pas totalement chez Cronenberg mais le film essaie de dire quelque chose sur le corps. Hélas, il n’y aura pas vraiment de suite à toute cette séquence. Pas plus qu’à toute la première partie. Le reste est une catastrophe qui ne fait que regretter les bonnes intentions que l’on devinait pourtant. Après une ellipse bienvenue qui nous épargne la sempiternelle phase d’apprentissage, l’histoire devient basique, simpliste. Elle rentre dans le rang alors qu’on s’attendait à voir de sales gosses jouir de leurs pouvoirs. Des adolescents se rebellant contre des adultes. Au lieu de ça, toute la seconde partie ne se résume qu’à l’opposition attendue avec le grand méchant (par ailleurs raté). L’affrontement final, lui, est un pur scandale. Illisible à cause d’un montage grossier, le combat se révèle bâclé, littéralement sabordé. On le suspecte même d’avoir été monté de toutes pièces par la Fox. Dès scènes ont d’ailleurs été tournées trois mois avant sa sortie (regardez bien les cheveux de Kate Mara). D’une durée d’1h35, Les 4 Fantastiques apparaît clairement amputé, là où il aurait sans doute mérité un film de plus de 2h pour développer soigneusement ce que Josh Trank tente tant bien que mal de mettre en place. Ce film-là, on ne le verra sans doute jamais.
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