Un reboot qui était relativement attendu dans le sens où les précédents films n’ont jamais réussi à faire décoller la franchise. Qu’en est-il de celui-ci ? J’étais à la fois intrigué et surpris par la baffe qu’il se prenait par les critiques, mais je voulais lui donner sa chance vu ce que la bande-annonce m’avait proposé. Le constat n’en est pas moins décevant. Sans atteindre la purge qu’était Le surfeur d’argent, ce film est effectivement un échec au reboot de cette franchise. Ce n’est pas une daube, ce n’est pas un navet, ce n’est pas un nanar. C’est un échec. À l’image de Thor, le film ne réussit pas à accrocher le spectateur, se perdant dans une histoire vide de tout et dont le climax est installé 10 minutes avant la fin pour être résolu en 5.
Le début était louable, dans l’approche classique d’expliquer la genèse des personnages, mais elle échoue dramatiquement par son manque de rythme, ces scènes inutiles, ces scènes qui n’ont rien à faire là, ces délires inexplicables (franchement, la scène du départ vers l’autre dimension est sans doute l’un des plus gros WTF que j’ai pu voir dans un film du genre ; le Mandarin peut aller se rhabiller). Alors on ne sait pas si c’est du remplissage foireux ou un problème avec le montage du film (vu qu’il y a eu tension entre le réal et le studio), mais sincèrement, la scène a été écrite, elle a été tournée. Rien que ça révèle de l’incroyable.
Cependant, ce qui peut laisser penser à un montage à la barbare, c’est toutes ces informations, parfois cruciales parfois peu importantes, ces situations, voire même ces scènes ; qui débarquent là, comme ça, sans prévenir, sans explication avant, pendant ou après. On vous montre le machin, on vous l’introduit foireusement, et puis suivant.
Mais le pire dans toute cette histoire, c’est le cœur du récit. Exit la notion de « première famille Marvel », élément central des comics et des personnages : à aucun moment, on ne sent cette connexion, cette union, cette équilibre. À aucun moment. On a juste quatre personnages qui se trouvent dans la même merde et qui veulent essayer de s’en sortir. Je parle de merde non pas parce que le film en est, mais bien au sens figuré de problème. Et je parle de problème parce que oui, faire un film de super-héros ayant des pouvoirs extraordinaires et à peine se pencher sur ces-dits pouvoirs ou les exploiter révèle de l’amateurisme. Alors oui, on aurait pu se pencher sur le côté humain des personnages (vu que c’est l’une de leur principale caractéristique), mais même pas.
Je reviens rapidement sur le climax. Instauré à dix minutes de la fin, résolut en 5 donc. On se retrouve donc là aussi avec le même problème que dans Thor, avec une absence totale d’un semblant de tension et d’une résolution finale faite en deux coups de cuiller à soupe. Et puis franchement, se débarrasser de Fatalis comme ça, si vite dès le premier film ; si c’est pas préméditer le suicide de sa franchise, je sais pas ce que c’est. Fatalis justement. Là où Thor nous proposait un des méchants les plus charismatiques de ces dernières années, ben Les 4 Fantastiques se proposent d’utiliser un des ennemis principaux de l’univers pour le supprimer aussi vite qu’il était apparu. Le tout avec un personnage sans la moindre originalité, sans la moindre profondeur, sans le moindre intérêt. Non seulement on sent venir le truc dès le début, même si on est novice des comics ; mais en plus, on en oublie même le personnage au bout d’un moment avant de le voir revenir. C’est pour dire !
C’est ce que je reproche essentiellement à ce film. L’histoire, globalement, est moyenne mais se suit avec plaisir une fois et puis on oublie (comme pour le premier film de 2005), mais l’absence de climax et d’un véritable méchant à la hauteur du personnage original fait que la fin du film le rend exécrable. Je comprends pourquoi il a autant été défoncé, car on reste avec cette impression, qui occulte tout le reste. Mais dans l’ensemble, ce n’est pas pire qu’un Thor ou un Origins : Wolverine ou un X-men 3, on est vraiment dans le même genre de construction, avec les mêmes faiblesses scénaristiques. Peut-être qu’une director’s cut rendra justice, mais franchement quand on voit ce qui a été fait là, je doute qu’on fasse beaucoup mieux.
Je ne vais pas trop m’attarder sur le reste. Le casting n’est certes pas flamboyant, mais il fait ce qu’il a avec l’écriture des personnages qu’on lui donne. À partir de là, difficile de faire quelque chose d’exceptionnel. Techniquement, le film se pose dans le cadre des autres films du genre actuel : les effets spéciaux sont spectaculaires et utilisent beaucoup de CGI (même si dans l’autre dimension, ça fait un peu too much), la mise en scène est classique tout comme la musique et les décors plutôt sympa.
Bref, sans être la purge décriée ici et là ; ce reboot n’en reste pas moins raté. Alors est-ce que ça vient du conflit entre la Fox et Josh Trank, c’est la question à un million. Cependant, comme je l’ai déjà dit plus haut, certains détails ne trompent pas. Si le montage final rend le film très moyen, le fond de base ne semble pas être extraordinaire non plus. Un échec qui semble confirmer que Les 4 Fantastiques ne sont décidément pas faits pour être adaptés au ciné, et c’est bien dommage.