Le magicien T.

Sorti en 1953, Les 5000 doigts du Dr T. est un film assez étrange. Il renvoie à la fois au Magicien d'Oz, dans les décors souvent impressionnants et le côté musical et ce que pourrait être Mary Poppins (un univers d'adultes vu par un enfant), mais auquel s'ajoute la peur de la bombe atomique.
Aussi curieux que cela puisse paraitre, la fin du film renvoie directement à la menace communiste de l'époque (avec une fumée rouge), voire à la peur de la bombe atomique, qui va sortir le garçon de ce rêve.
Car oui, le film est l'immense songe d'un garçon qui, pour échapper à son professeur de piano sévère, s'imagine délivrer sa mère des griffes de son instituteur, et aidé en cela par le plombier en qui il voit un père de substitution, le sien étant décédé.

Il en résulte un film assez loufoque, bourré d'idées visuelles (une très longue échelle courbée qui ne mène à rien, les formes obliques des bâtiments qui échappent à toute logique de perspective...), et malgré tout pétant de couleurs ainsi que de personnages improbables (les hommes peinturés en vert ou un esclave noir torse nu dont on a couvert la tête d'un sac en papier). Cela dit, le film tient surtout pour sa folie, et non pour l'histoire, qui tourne très vite en rond.
Tout comme Le Magicien d'Oz, il y a de nombreuses scènes musicales, intégrées à l'histoire, qui expriment aussi, de manière sous-jacente, les valeurs de l'Amérique. Cela mènera aussi à une scène hallucinante, un combat musical !

A noter que le film a été écrit par le Dr Seuss, auteur du Grinch, de Horton ou du Chat chapeauté pour ses œuvres les plus connues. Je ne dirais pas qu'on reconnait son style (car je ne le connais pas), mais il a su peindre un univers assez cohérent dans l'incohérence. Dans les acteurs, je ne retiendrais que Hans Conried, qui joue le fameux Dr T. (et qui est aussi le prof de piano), car il s'en donne à cœur joie dans la folie.
Peut-être pas aussi culte que sa réputation le laisse penser, Les 5000 doigts du Dr T peut être vu par deux publics. Celui des enfants (auquel le film est destiné), car il a de quoi divertir (et ça été approuvé par ma nièce), et par les adultes qui peuvent y voir une virulente charge contre le communisme ainsi que la peur de la bombe H qui en découlait à cette époque.