Des choses gentilles à dire sur ce film
Monsieur Sinbad (Patrick Muldoon) est apparemment (le film est un peu flou sur certains points) le patron d'une entreprise florissante dont l'un des pétroliers est tombé aux mains d'un groupe de pirates. Héritier d'un nom prestigieux et des valeurs morales qui vont avec, Adrian Sinbad se rend sur place pour tenter d'éviter le drame. Un drame humain et environnemental : la perspective d'une marée noire maousse se faisant de plus en plus pressante. Naturellement le bateau est vite envoyé par le fond et que monsieur Sinbad (je m'en lasse pas) accompagné de quelques compagnons d'infortune auront fort à faire pour regagner la civilisation, d'autant qu'ils devront au passage empêcher l'espèce d'apocalypse qui s'est invitée en cours de chemin en même temps qu'un crabe géant voleur de valise (grand moment), un cyclope tout raide (qui finit empalé sur une stalagmite après que les héros aient tendu une corde entre ses pattes - autre grand moment), des ptérodactyles rescapés de {Birdemic} et de tout un paquet d'autres périls graphiques...
Les 7 aventures de Sinbad c’est con. Très con.
C’est un produit estampillé The Asylum.
Mais, ça fait partie de ce que la firme peut proposer de mieux, c’est à la fois sympathiquement bas de plafond, un peu cynique mais pas tant que ça et plutôt rythmé, ce qui n’est pas le cas de l’essentiel du catalogue. Sur la forme, on retrouve les CGI moches et les incrustations dégueulasses (mais vraiment) avec des scènes forcément risibles de bateau qui coule antispectaculaires et antidramatiques au possible ou d’attaques de créatures dont, oui, un crabe géant voleur de mallette, mais tout ça arrive avec une telle régularité qu’on y trouve pas mal de plaisir.
D’autant que c’est truffé de petits trucs assez effarants avec des successions d’aventures sans grande cohérence, des réutilisations de décors qui brouillent un peu plus les pistes, des personnages qui apparaissent pour la beauté d’apparaître à défaut de servir à quoi que ce soit dans le récit et de sous intrigues incompréhensibles qui jouent les serpents de mer. Et comme tout est traité à la rapidité d’un train dont les freins ont lâché on se retrouve confronté à un groupe de paramilitaires sorti de nulle part que monsieur Sinbad arrive à retourner contre leur chef par un argumentaire là encore sorti de nulle part ou bien à une amazone toute propre, toute bien coiffée qui, imaginaire aventurier pulp d’avant colonisation oblige, parle petit nègre... mais de manière totalement aléatoire ou presque. Explication : Loa (Sarah Desage), la dite amazone, se trouve être la fille d’un explorateur disparu abandonnée dans la jungle qui a bien grandi. Elle récupère au contact de ses congénères les facultés qu’elle semblait avoir perdues passant du stade de l’onomatopée au petit « t’as rien oublié ? » polisson pré baiser de presque fin d’aventure (bin ouais le héros emballe l’amazone, faut pas déconner) en une grosse heure. C'est un régal.
La VF souligne particulièrement le crétin de ces situations mais pas que. En fait, elle teinte tout le film d'un ridicule supplémentaire par le biais d’incrustations d’indications de lieux lues avec une bonne vieille voix de fond de slip ou d’absences de conviction régulières dans la voix des personnages et notamment du trop peu présent Alex Degraves (Oliver Mason) (prononcer à la française) dont le « ça va pas se passer aussi facilement, quand M. Sinbad le saura... ! » reste une magnifique pépite.
Les 7 aventures de Sinbad c’est du n’importe quoi complet (toutes proportions gardées, hein, c’est du The Asylum) plutôt rythmé et assez fun dans lequel un crabe géant vole une mallette. À voir une fois au chalet avec des copains et des copines.
Je veux jouer au bingo des clichés avec ce film
Ou sinon, je regarde juste les 42 ingrédients du bingo de ce film parce que c'est trop cool
Personnage > Agissement
Avait pourtant été prévenu·e de ne pas faire ça – Drame > Ferme les paupières d’un·e mort·e – Montre un truc du doigt – Stylé > Balance une petite phrase avant de tuer une personne (ou après) – Stylé > Démontre son habileté avant un combat pour intimider son adversaire – Tension > Tire un coup de feu en l’air pour calmer tout le monde
Personnage > Caractéristique
Super pouvoir > Ces gens sont beaucoup trop beaux !
Personnage > Citation
Prévient > « Fais pas le con ! » – Récrimine > « Tout ça c’est de ta faute ! »
Personnage > Héros ou héroïne
Fibre héroïque > Magnanime, épargne son adversaire après un combat à mort – Fibre héroïque > Sauve une femme en détresse, ou un enfant inconscient – Fibre héroïque > Se sacrifie avec panache
Personnage > Méchant·e
Profil > Capitaliste sans scrupule
Personnage secondaire
Foule en délire > Concert, spectacle, manifestation sportive (combat à mort planifié inclus)
Réalisation
Grammaire > Ralenti lors de la mort d’un des personnage principaux – Grammaire > Ralentis injustifiés et insupportables – Habillage > Incrustation de texte sur l’écran : lieu, date, heure, etc. – Média > Point de situation par un reportage télé, radio ou presse écrite – Naufragé·e qui flotte sur une porte, une caisse, etc. – Technique > La caméra bouge pour simuler un tremblement de terre ou une secousse – Vue subjective > Jumelles... avec deux ronds bien dessinés
Réalisation > Accessoire et compagnie
Fusée de détresse – Pouet-pouet > Ces costumes d’époque sont beaucoup trop propres – Stylé > Valise pleine de billets
Réalisation > Surprise !
Sous le coup de la surprise > fait tomber sa clope de la bouche ou laisse tomber un objet
Scénario > Contexte spatio-temporel
Conférence de presse où les journalistes hurlent comme des poissonniers – Début d’orage au moment opportun
Scénario > Dialogue
Philosophie ou psychologie de comptoir
Scénario > Élément
Merci, Captain Obvious ! – Mort > Stupide – Prophétie : la légende dit que... – Un·e proche meurt sous ses yeux
Scénario > Ficelle scénaristique
L’univers est petit – La chatte à Mireille
Scénario > Situation
Reprend connaissance > sur une plage – Situation > Topo de couloir
Thème > N’importe quoi
Agissement > Les figurant·es font n’importe quoi – Scientifiquement non prouvé > Séchage ultra-rapide de personnes trempées
Thème > Rejets, moqueries ou discriminations
Accents étrangers caricaturaux – Parler petit nègre
Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes
Objectification sexuelle > Nichons, fesses – Objectification sexuelle > Tenues légères
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Barème de notation :
1. À gerber
2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
3. On s'est fait grave chier
4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
9. Gros gros plaisir de ciné
10. Je ne m'en lasserais jamais