Patrick Sénécal est un auteur québécois extrêmement connu dans son pays, participant à l'adaptation cinématographique de plusieurs de ses romans, tous en lien avec le genre policier ou thriller. Après 5150 rue des Ormes dirigé par Eric Tessier, il s'implique en 2010 dans la conception des Sept jours du talion. La réalisation échoit à Daniel Grou aka Podz, connu pour ses séries télévisées horrifiques et dont c'est le premier long.
Les sept jours du Talion est un film extraordinairement sec et dur. L'optique du divertissement y est évacuée. Le titre rattache au cinéma de vengeance, éventuellement au rape-and-revenge, mais surtout précisément aux vigilante movie, où la violence est légitimée, toujours en réaction à des crimes, souvent aussi à des climats pourris. En décalage dans cet univers, Les sept jours n'est pas un défouloir, ni même une catharsis, pas non plus une étude aux velléités sociales.
Il traite son sujet avec une approche pseudo documentaire, dépouillée et impitoyable (aucune musique ne soutient la bande-son – c'est très rare). Il reste pudique au sujet de la violence, en exhibe les effets, s'arrêtant sur le cadavre de la petite fille, puis sur le corps roué de coups de son meurtrier, sur lequel un père (médecin trahissant le serment d'Hippocrate) passe sa colère. C'est du moins ce qu'il comptait faire au cours de cette semaine du talion. Sérieux jusqu'au-bout, le film est terre-à-terre et sans idéal, ne flatte jamais aucun principe ou sentiment.
Seule l'entrée en scène du pédophile est un peu grandiloquente, mais son assurance vicieuse de monstre content de lui s'efface rapidement. Les autres personnages sont tentés par le dépassement, certains par la haine ou l'acharnement, le père l'applique, mais personne n'est satisfait ; personne ne gagne car il n'y a pas de camp. Il n'y a que des gens impliqués dans une affaire sordide. La froideur et le manque de détails concernant les personnages créent une distance pour le spectateur, plutôt appelé à constater les implications et le résumé des positions ou fonctions de chacun dans de telles circonstances.
Une version américaine du roman a vu le jour, réalisée dans la foulée et sortie quelques mois plus tard (août contre février, en 2010). Exécré par la critique, The Tortured est un produit racoleur, avec des traits 'typiques' (visuel de série policière, surfe sur la vague du torture porn), jusqu'au-boutiste lui aussi ; d'une grossièreté assez fascinante, il est remuant mais manque de maturité. C'est l'antidote scabreux et engagé à ces Sept Jours sérieux, d'une tristesse et d'un objectivisme accablants.
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