Le fond, la forme et le format

Voir un film tourné et projeté en pellicule en 2016 est un anachronisme, sauf visiblement pour Quentin Tarantino qui a eu l'idée folle de ressusciter une technologie disparue il y a tout juste 50 ans. Cette version argentique inédite sortie sur une poignée de copies offre au spectateur 8 minutes inédites (pour une durée totale approchant les 3 heures), ainsi qu'une ouverture musicale et une intermission à mi-parcours. Un peu mégalo le Tarantino?
Peut-être, mais le format choisi sert en effet parfaitement l'oeuvre, principalement car il s'agit d'un western, genre qui a connu son apogée en même temps que le film pellicule. La lentille anamorphique de l'Ultra Panavision 70, le léger scintillement de l'écran, les couleurs claires plus vives... tout cela constitue un formidable écrin pour le film. Au lieu d'aller au fast-food on va au restaurant étoilé, on prend son temps et on savoure.
Voilà pour le 'contenant'. En ce qui concerne le 'contenu', on retrouve une narration en chapitres chère au réalisateur, avec des personnages hauts en couleurs et grandes gueules. On se régale toujours autant des dialogues, de l'humour (noir) et de l'hémoglobine qui coule à flots.
Mais on avance aussi en terrains très balisés, que ce soit du huit-clos (Reservoir Dogs) ou du western (Django). Et la musique, même si très belle et signée par le maître Ennio Morricone, nous hantera moins que l'habituelle 'mixtape' de pépites que Q.T. s'amusait à nous faire (re-)découvrir.