System Shock (et surtout System Shock 2 en ce qui me concerne) avait en son temps marqué les esprits, de part son ambiance flippante à la Event Horizon, avec ses corridors obscurs et ses cyborgs mutants prêts à vous bondir dessus, et par son gameplay à mi-chemin entre le FPS et le RPG où l'on pouvait donner libre cours à ses penchants transhumanistes.
Ce remake était donc attendu au tournant par les - vieux 😅- fans de la première heure, 30 ans après la sortie du jeu original (et 25 pour SS2), ce qui impliquait forcément pour les développeurs de combler un fossé - voir plusieurs - en terme de graphismes et de gameplay avec les jeux actuels.
Or justement leur parti pris n'a pas été de vouloir concurrencer les AAA et autres mastodontes du jeu vidéo contemporain, mais de proposer une expérience résolument rétro, avec des graphismes et des textures à mi-chemin entre l'hommage vintage et une œuvre visuelle léchée, et un gameplay classique mais comportant suffisamment de petites touches de modernité pour que l'on ne galère pas trop.
Car de la galère, il y en a. La station spatiale Citadel aura - presque - raison de votre sanité, tant c'est un dédale sans queue ni tête, un labyrinthe fait de corridors plus ou moins bien éclairés, de portes coulissantes, d'ascenseurs reliant différents niveaux (jamais tous à la fois, ni dans l'ordre), de passerelles, de culs-de-sac, d'échelles, et de multiples boutons et lecteurs de cartes, précieux sésames éparpillés un peu partout.
Si vous épluchez tous les messages texte et audio que vous retrouvez ici et là, négligemment posés sur le bord d'une console ou trainant a côté d'un cadavre, vous apprendrez que
ce design a été réalisé de façon volontairement perverse et tordue comme une expérience sociale par la société TriOptimum (l'énorme conglomérat dans l'univers de System Shock) afin d'observer et d'étudier - et aussi par la même occasion amplifier - le stress et l'anxiété des êtres humains vivant dans l'espace (!!).
A croire que les cadres de Vault-Tec (la corporation qui menait des expériences sur les habitants de ses abris souterrains dans la saga Fallout) et de TriOptimum ont fait des séminaires ensemble ! 😝
Bref vous allez devenir vraiment fou à parcourir cent fois les mêmes couloirs, à chercher la clé, le code (certains sont générés aléatoirement, donc pas de cheat possible !), le bouton, le passage, la dernière caméra de surveillance à dégommer, ou à patienter entre deux passages de niveaux avec cette musique d'ascenseur insipide à plein volume.
La version horrifico-cyberpunk de la maison qui rend fou des Douze Travaux d'Astérix en quelque sorte. 😅
Et tout cela sans compter sur la capacité de nuisance de SHODAN, l'I.A. toute puissante et psychopathe qui a pris le contrôle de la station et va tout faire pour stopper votre progression.
Heureusement le jeu vous offre suffisamment de moments ludiques et satisfaisants (puzzles à résoudre, passages secrets à trouver, armes à perfectionner, easter eggs cachés, intrusions dans le cyberspace à la Descent...) pour vous retenir de ragequit pour de bon.
En bref, je suis content d'avoir fini le jeu (non sans aide, merci internet), mais je ne suis pas prêt d'y replonger de sitôt ; je tiens à ma santé mentale, merci 😅