Peckinpah Hardcore
Le film va diviser... Encore plus que d'habitude pour du Tarantino, mais sur le plan moral essentiellement, là où les précédents Tarantino décevaient également sur la forme, avec des films...
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le 25 déc. 2015
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Pour son huitième film Quentin Tarantino s’est tourné pour la deuxième fois vers le genre du western. Ainsi, après nous avoir fait parcourir le Sud des Etats-Unis esclavagiste avant la guerre de sécession dans Django Unchained, il nous fait ici visiter le Wyoming post guerre civile. Contrairement à ses deux précédents films, Tarantino se libère de tout contexte historique ou politique lourd pour raconter une histoire mêlant huit personnages aux origines, intérêts et horizons différents.
Dans un long shot d’ouverture sur le thème d’Ennio Morricone on découvre l’enfer blanc dans lequel se trouvent deux de nos huit salopards : John « The Hangman » Ruth interprété par Kurt Russel et sa prisonnière, Daisy Domergue, parfaitement campée par Jennifer Jason Leigh. La scène pose le cadre et introduit le premier des deux huis clos qui vont porter le film. Après le cadre, la rencontre avec le Major Marquis Warren, un « Bounty Hunter » sous les traits de Samuel L. Jackson pose l’ambiance. Quelques instants plus tard, la moitié du groupe est formée à l’apparition de Walton Goggins qui se présente comme « Chris Mannix », le nouveau shériff de la ville que cherchent à rejoindre nos quatre personnages. Dès lors, le ton est donné, la tension est présente et on se pose déjà des questions, cherchant à comprendre lequel est plus salopard que l’autre, lequel va dégainer le premier et lequel est de mèche avec la prisonnière (car il y en a forcément un !).
Les deux premiers chapitres découpent le début du film dans un rythme assez lent mais absolument idéal pour installer la tension présente jusqu’à la fin. Les dialogues entre les quatre personnages font office de plaidoyer tant on cherche à identifier la véritable raison de leur présence dans ce blizzard menaçant. Le style Tarantino est épinglé et il n’en faut pas plus pour éviter de perdre le spectateur avant l’arrivée à la Minnie’s Haberdashery déjà investie par Bob « The Mexican » (Demián Bichir), Oswaldo Mobra (Tim Roth), Joe Gage (Michael Madsen) et le Général Sandford Smithers (Bruce Dern). Là, ça y est, le casting est au complet ! La présence de John Ruth et de sa prime/prisonnière et les longs regards que s’échangent les huit salopards commencent déjà à mettre le feu aux poudres dans une mercerie qui ne va réserver quelques surprises.
C’est vraiment à partir de ce moment que l’on sent que tout peut partir en un rien de temps et qu’on s’amuse à imaginer lequel appuiera sur la gâchette le premier. De la même façon que le John le bourreau, on se laisse aller à réfléchir aux histoires contées par les protagonistes pour justifier leur présence. Tim Roth et Michael Madsen jouent à merveille les trouble-fêtes et celle-ci tourne très vite au vinaigre.
Bien sûr comme tous les Tarantino, The Hateful Eight est violent, gore et malsain mais comme à chaque fois, ces moments-là sont séparés de scènes bien calmes et de petites touches d’humour qui donnent un bon équilibre à l’ensemble. Ici pas de gentils ou de méchants tant les rôles sont distribués et tournent pendant le film.
Comme l’a dit lui-même Tarantino et comme cela ressort dans beaucoup de critiques, les clins d’œil et références à The Thing sont nombreux et on ne peut pas s’empêcher d’y repenser quand on voit Kurt Russel, perdu dans un blizzard sur une musique d’Ennio Morricone avec les morts sanglantes qui s’enchainent.
Bref, le huis clos fonctionne très bien et la parfaite gestion du suspense nous tient en haleine pendant les 3h de film. Le casting habituel de Tarantino est quasi impeccable, Jennifer Jason Leigh fait un retour fracassant et le petit nouveau Walton Goggins tire son épingle du jeu. Mon seul regret est de ne pas avoir pu voir le film dans son format 70mm pour l’apprécier complètement mais c’est un détail vu le faible nombre de salles projetant le film dans ce format-là. Pour finir, ce nouveau Tarantino permet de débuter l’année de la meilleure des façons et contrairement à Django Unchained et Inglorious Basterds, je ne vais pas l’oublier tout de suite. Je me suis même surpris en sortant de la salle à siffloter le thème principal de Morricone qui collait parfaitement à l’ambiance du film.
Créée
le 21 janv. 2016
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