Peckinpah Hardcore
Le film va diviser... Encore plus que d'habitude pour du Tarantino, mais sur le plan moral essentiellement, là où les précédents Tarantino décevaient également sur la forme, avec des films...
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le 25 déc. 2015
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Tarantino qui sort un film au cinéma, c'est un peu comme ... je sais pas moi ... un cours donné par Einstein tous les cinq ans : à chaque fois, c'est cool, c'est génial, t'apprends plein de trucs, mais l'instant d'après, tu regrettes d'avoir vécu l'évènement, parce que merde, il te faudra attendre cinq autres années avant de voir la suite.
Qu'ai-je donc appris à ce cours ci? Pas grand chose de plus que les autres fois, si ce n'est que j'ai l'étrange impression, sûrement fausse par ailleurs, puisque je n'ai pas encore vu tous les films du genre, d'avoir découvert le meilleur western de ma vie. Mais si, vous connaissez, vous même, ce genre d'expression, d'ailleurs vachement hyperbolique, que t'es fier de sortir un jour, et que tu regrettes quelques mois plus tard.
La seule chose que j'ai à dire de plus là dessus, c'est que j'espère n'avoir jamais à regretter mes propos : pour l'instant, "Les 8 Salopards" demeure mon western préféré. Bon, il existe peut-être mieux ( encore queje ne vois comme cela serait possible, mais c'est pûrement subjectif ), mais dans ceux que j'ai vus, je n'ai pas encore trouvé la perle qui le détrônera.
Non parce que là, la leçon fut plus que fructueuse, à la limite du fantasme cinématographique. Ouais, je vais loin, mais j'aime les expressions hyperboliques, alors bon ... Bref. Le tout est que ce cours fut un régal. Déja, le mec n'a pas perdu de son talent. Bien entendu, Tarantino demeure Tarantino; de ce point de vue, y'avait pas vraiment à s'inquiéter, parce que merde, c'est Tarantino le mec.
Les plans, originaux, beaux et esthétiques, affichent une efficacité toute particulière, à tel point qu'ils en deviennent presque vertigineux. J'aimerai seulement noter la beauté de certains plans, qui s'apparenteront rapidement à des tableaux ( cf le plan final, presque poétique ). Y'a pas à disserter inutilement longtemps sur ce point, c'est irréprochable.
Autre point remarquable de la leçon : l'écriture. Dans le genre, j'ai rarement vu aussi bon. Tarantino ayant choisi un registre restreint ( plus restreint que le huis clos, tu peux pas faire ), l'artiste avait toutes les cartes en main pour se faire plaisir, et nous composer des personnages dont la justesse serait à la hauteur de leur développement personnel. En bref, il avait de quoi faire un bon truc.
Et c'est exactement ce qu'il a fait. Je vous vois venir à des kilomètres : "normal, c'est Tarantino". Oui, tout à fait. J'approuve complètement votre pensée ( même si c'est sûrement plus la mienne que la vôtre ). Honnêtement, je n'avais pas encore vu, dans ses films, de personnages si fouillés; tous ont une personnalité propre, et même les pires des enculés se révèleront attachants. Ca, fallait le faire !
Le tout est donc franchement virtuose; il ne nous suffira plus que de choisir lequel on voudra apprécier, et celui que l'on désirera détester. Vraiment, c'est balaise. A signaler, également, un sacré sens de la répartie : le mec n'a rien perdu de son génie, nous larguant, par ci par là, tant de punchlines que de répliques bourrues, crues et assurément cultes. "Normal, c'est Tarantino".
Au niveau de la bande-son ( et du travail sonore qui l'accompagne ), c'est une fois de plus irréprochable; rythmée, efficace et visiblement empreinte de cinquante ans de westerns spaghettis ( à quelques années prêt ). Y'a pas à dire, le mec ne déroge pas à la règle, et s'avère, une fois de plus, à la hauteur des attentes.
Seulement voilà, une question se pose : pourquoi ne lui ai-je pas mis la note maximale? Loin de moi l'idée de dire que quelque chose cloche dans l'oeuvre. Je n'y vois, pour l'instant, aucun défaut : c'est esthétique, maîtrisé, grandiose, avec de beaux décors, des costumes et des maquillages ahurissants. Bref, tout ce que j'aime. A signaler, également, une grande prestation des acteurs.
Les deux meilleurs furent, à mon goût, les géniaux Tim Roth ( le court-sur-patte ) et Walton Goggins ( le sudiste ); deux grands malades mentaux, mais tellement à fond dans leur tripe qu'ils s'emparent du film. Jackson est également à signaler, toujours aussi impeccable, et terriblement différent de Django ( il est ici plus proche de son interprétation dans "Pulp Fiction" ). Kurt Russell ne m'a pas vraiment impressionné, quand à lui. La prestation de Daisy ( j'ai complètement oublié son nom, sorry ) est elle-même irréprochable, et à la limite du fascinant.
Mais voilà, cela ne nous dit pas ce qui ne m'a pas plu dans ce film. Cela ne tient qu'à une scène, d'un sadisme extrême. "Normal, c'est Tarantino". Je veux bien, mais y'a un moment où le mec doit se retenir, quand même. Certes, c'est son style, mais faire un truc comme ça, et ne pas se retenir d'y inclure tout ce que l'on veut ( même le désir le plus malsain ), c'est extrêmement déplaisant. Pire, c'est dégueulassement vulgaire, autant que vulgairement dégueulasse.
Voilà, là est ma critique du dernier cours de cinéma "made in Tarantino". Grandiose, l'expérience était ahurissante, et si l'on excepte cette scène qui me rebute tant, je lui concède le titre de chef-d'oeuvre. Honnêtement, je le préfère à "Django". Mais c'est personnel. Néanmoins, c'est du grand cinéma. La leçon fut très enrichissante. Et merde, faut encore attendre cinq piges. "Normal, c'est Tarantino".
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Créée
le 19 janv. 2016
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