Peckinpah Hardcore
Le film va diviser... Encore plus que d'habitude pour du Tarantino, mais sur le plan moral essentiellement, là où les précédents Tarantino décevaient également sur la forme, avec des films...
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le 25 déc. 2015
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C'est, étrangement, à la fois le film le plus théâtral et le plus gore de Tarantino. C'est aussi une consécration musicale pour lui: après avoir utilisé à multiples reprises la musique de Mister Moriconne, le maitre lui écrit carrément une BO ! Alors, je fais parti de ceux à qui ça n'a pas accroché. Selon moi, le compositeur est en perte de vitesse depuis un moment... Tarantino signe là un deuxième western, mais contrairement à "Django", je refuse de l’appeler western spaghetti. Il m'a davantage fait penser à "l'homme qui tua Liberty Valance" (à propos du traitement général des légendes de l' Ouest, un des sous-sujets du film) qu'au "Bon, la brute et le truand". Je le qualifierais de western RedApple. Totalement atypique, et tel un Leone pour sa catégorie, seul Tarantino le maitrise. Il s'amuse à plier les codes du huis-clos et du western (déjà avec la présence de la neige, il s'oppose à la règle principale du genre !) à sa sauce ketchup. Ajoutez le Panavision, et l'aspect innovateur, malgré le côté clairement nostalgique, n'est absolument pas contestable. Mais l’œuvre, en elle-même ?
Alors, c'est étrange... il y a le pire de Tarantino, une forme de parodie de son style, et également (et surtout !) le meilleur de toute sa filmographie.
Quand je dis le pire, je pense au Chapitre 3 (merveilleuse habitude de Tarantino de chapitrer ses films, là c'est la quintessence !), qui est très ennuyant. Et puis, d'un coup, la scène que t'as pas vu venir... une histoire de fellation, racontée en flash-back, qui est... hum... je suis rarement gêné au cinéma, et là ce fut le cas. Je vois pas ce qu'elle apporte, ni son intelligence. Il y a également d'autres scènes s'éternisant avec des dialogues plutôt inutiles. D'autre part, Tarantino cède à la facilité en bâclant les arguments du Shérif pour se faire embarquer, au début du film. Étrange également que le Noir attende (trop tard...) pour jouer le détective...
Ce qui m'amène à l'aspect parodique. Qui ne m'a pas déplu en général.Tarantino, réputé pour ses héroïnes disons hardcore, pousse le bouchon à fond, jusqu'à la rendre plus animale qu' humaine et n’hésitant jamais à montrer des actes de violence gratuits sur elle. Je trouve ça assez courageux, en ces temps cinématographiques un peu trop coincés par les féministes. Il en profite pour faire un bras d'honneur à tous ceux qui l'ont fait chier avec "Django": le mot nègre est répété un nombre incalculable de fois, et en plus les allusions racistes sont clairement légion ! C'est jouissif. Les personnages sont, eux, bien en deçà des inventaires de ses précédentes créations. Aucun n'a le charisme d'un Jules ou d'un Dr Schulz. Parce que je les trouve caricaturaux dans l'aspect "style Tarantinesque". Il n'empêche qu'ils ne sont pas non plus inintéressants, même assez sympathisants. Les dialogues, dans un premier temps, sont banaux et clichés (le tout-premier est une référence à "il était une fois dans l'ouest"), et puis à partir du chapitre 2, ils s'envolent dans les sommets pour ne jamais en redescendre. Même si les répétitions d'informations sont moyennement gérés, il demeure que c'est toujours un incroyable dialoguiste. Enfin, l'accessoire. Il remplace la montre de "Pulp Fiction" ou la "cigarette" de Calvin par... une lettre de Lincoln. Qui sert à rien, qui n'apporte rien, même pas un petit plus. Tout juste des étonnements par les autres protagoniste, et de l' "émotion"... Le nom de Lincoln n'y changera rien, ça a carrément une gueule moins classe que les autres auparavant !
Et enfin, le meilleur: Tarantino quand il se lâche. Sa mise en scène est toujours impeccable. Elle se permet des variations très originales (et impensables dans un supposé western !) et toujours à bon escient. Il sait se resserrer sur ses personnages. Ces personnages qui seraient d'ailleurs rien sans le casting qui, à l'instar des films choraux, a l'obligation d'être bon. Ils sont tous excellents. Jackson prouve de nouveau que c'est un grand acteur sous l’œil du Quentin, Russel a un incroyable air d'ours trapu et même Tatum surprend. Les décors sont majestueux, y compris celui de la taverne, tandis que Richarson n'a pas perdu se sa superbe photographique. Mais surtout, ce qui fait les meilleures séquences Tarantino de toute sa carrière: les 3 derniers chapitres du film. Surtout le dernier, qui a un climax juste hallucinant. Un suspens suffocant, un plaisir coupable énorme, et tellement de rebondissements... D'une maitrise extraordinaire, il livre là un cours de scénario magistral. Rien à redire.
Donc, "les 8 salopards" est un bon cru Tarantino. Rien d'étonnant. Et c'est peut-être ça, aussi, que j'aurais demandé au film: le petit plus qui m’aurait bien étonné...
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de Quentin Tarantino, Oscar du meilleur film 2016 et Les meilleurs films de 2016
Créée
le 23 nov. 2016
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