"Les Accusés" est un film qui a fait du bruit aux Etats-Unis, sans doute parce qu'il propose une réflexion plus profonde sur le viol que ce n'est habituellement le cas à Hollywood : il a donc, assez logiquement si l'on considère sa performance en fille "perdue", disposant de peu de mots pour exprimer sa peine, valu l'Oscar à la brillante Jodie Foster. Il a été moins bien reçu en France, où la dureté de sa "fameuse" scène de viol a parfois été considérée comme exagérée, voire visant une efficacité graphique "éthiquement" criticable. Les deux points de vue sont également recevables, le cinéma-dénonciation se trouvant presque toujours en équilibre entre le choc des images (sans doute logique pour embarquer le spectateur) et la complexité (nécessaire) du propos. Il est permis d'oublier ce débat théorique pour plutôt apprécier la subtilité du rapport entre les deux personnages féminins du film (Kelly McGillis est également excellente), ainsi que l'importance accordée par Kaplan aux mots et à leur nécessité pour matérialiser l'horreur des actes. En cela, "les Accusés" dépasse le simple film "à débat", et c'est tant mieux. [Critique écrite en 1989 et retouchée en 2016]