Le film en costume, je ne suis pas un grand adepte. N'est pas Visconti ou Kubrick qui veut, et dépasser le simple défi de la reconstitution historique n'est pas donné à tout le monde.
On peut dire que sur ce point, Jacquot s'en sort avec les honneurs. Ses comédiens, Seydoux en tête, sont très bons, d'une belle authenticité. Le procédé, finalement peu original, de nous donner à voir un pouvoir qui se délite depuis les coulisses des dames de compagnie, est bien exploité. Le récit est avant tout celui d'un déplacement, celui du personnage de Seydoux, à travers le dédale de Versailles, à qui on colle en permanence. Les mouvements sont fluides et le travail sur la lumière d'une grande maîtrise : aux ors des appartement royaux répond l'obscurité intense des offices, et le voyage permanent entre les deux par des objets symboliques : l'horloge en or chez la liseuse, la fleur qu'elle brode à destination de la Reine... ces glissements qui dérapent à mesure que le pouvoir faiblit, et que se dit silencieusement le pillage à venir.
L'éclairage, à la bougie, occasionne un très beau plan séquence central, celui d'un long parcours dans un couloir où la panique et la désorganisation règne parmi les domestiques. Jacquot compose certains plans comme de véritables tableaux, notamment les fameux portraits de De La Tour.
Cela dit, la fameuse intrigue centrale et les jeux saphiques, sadiques et manipulatoires affadissent un peu le propos général. La Reine en mégastar déchue est assez crédible, mais les échanges ne sont pas toujours très fins et la conduite du récit est assez convenue. Le travestissement final de la servante en noble occasionne une belle scène, et c'est dans les silences que le film prend toute sa mesure.