Spécialiste des adaptations de romans, mais aussi des reconstitutions historiques, avec des films comme Sade ou La Fausse suivante, Benoît Jacquot plante ses caméras à Versailles pour nous conter les derniers jours de la monarchie à travers les yeux d'une proche de la reine.
Adapté, donc, du roman éponyme de Chantal Thomas, Les Adieux à la reine a été retravaillé spécialement pour obtenir un scénario plus "cinématographique". Pari perdant, puisque le film traîne comme un boulet tous les pires travers du livre adapté à l'écran. Bien trop bavard, d'un rythme que l'on qualifiera de "chapitré", il empêche le spectateur de rentrer complètement dans l'histoire. Témoin, cette scène durant laquelle Léa Seydoux et son amie observent le roi par la fenêtre...et décrivent ce qui se déroule sous nos yeux. Une faute de goût trop présente tout au long de ces quatre vingt dix minutes...
La mise en image, elle, est absolument irréprochable. Jacquot nous plonge au coeur de l'anarchie régnant au sein du palais, rattachant sa caméra à Léa Seydoux, qu'elle ne quitte pour ainsi dire jamais. La photographie est splendide, et réhausse l'aspect pictural de chaque plan. Visiblement très inspiré par la peinture, le réalisateur travaille chaque image comme un artiste sa toile, proposant des reproductions proches de l'école flamande, Vermeer en tête. Ses mouvements de caméra sont souvent moins inspirés, plus brusque et parfois un peu incompréhensible (l'abus de zoom est dangereux pour la santé).
Ce sont les femmes qui gouvernent le film, et Jacquot sait mettre en valeur ce gynécée, filmant son trio d'actrices de façon charnelle, sensuelle, presque impudique parfois. Malheureusement, il n'est pas facile d'avoir l'air crédible en récitant des répliques d'un autre âge. Le jeu des actrices, très théâtral et artificiel, ne plaira pas à tout le monde. Si Léa Seydoux dévore la pellicule, Diane Kruger semble un peu empesée, et pas toujours très royale. Virginie Ledoyen, elle, se fait rare, mais illumine la pellicule lors de chacune de ses apparitions.
Un film esthétiquement magnifique, mais trop bavard pour vraiment captiver. On observe ces images comme on visite un musée, sans jamais vraiment se projeter sur la toile. Dommage.